Atlas des rivières
de Bretagne Le Lapic
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Texte

Malou
Lapic

Notre Lapic

 

Mystérieux

Je le vois à travers la ria

Et l’Atlas m’a fait dire qu’il parcourait plusieurs territoires

Et là de sous le parking il sort dans la ria

Il se gonfle quand il y a beaucoup de pluie

La prairie s’inonde

L’influence des marées

Un mélange à l’eau salée

 

Quand j’ai pris connaissance de ce projet

Ça m’a intriguée

Je voulais savoir ce qu’il en était en amont

Avant la création du parking

Un milieu qui se formait

qui prenait toute la place

La ria qui entrait dans les terres

Se mélangeait à l’humeur des marées

Plus haut plus bas

J’ai revu des photos anciennes avec le Lapic qui faisait des méandres

Les bateaux amarrés à côté

 

Le parking et ses atouts

Pourquoi cette minéralisation

Un espace social s’est créé

Aux beaux jours les voisins sortent

Jouent à la pétanque

Les parties qui se répètent

En début d’après-midi des personnes qui mangent

Surtout le dimanche

Des jeux pour enfants

Un espace fédérateur même si c’est dommage d’avoir minéralisé

Une rencontre très chouette qui fonctionnent les habitants ceux qui viennent quelques mois et les gens de passage

Une porte d’entrée sur la porte de SainteAnne

Et les méandres qui sont toujours là

Les prairies non cultivées

Les maisons un peu partout

J’ai l’impression d’être dans un dessin animé

 

L’installation à l’année

Une sensation avant de m’installer

Je venais uniquement l’été

Je ne faisais pas forcément attention à la rivière

Moi c’était la mer le bodyboard

Frères sœurs

Je ne me demandais pas d’où venait l’eau

Mon frère pêchait dans la ria à marée haute

Il ne pêchait presque rien

Pourtant juste en contre bas de la maison la rivière coulait

Les jeux pour enfant m’interpellaient

La stèle de Jean-Marie Le Bris était un peu plus bas à cette époque

J’aimais jouer autour

 

La photo

Elle fait rêver cette photo

C’était mieux comme ça

Mais je ne dis pas c’était mieux avant

Le parking est fédérateur

Les tables l’ombre des arbres les jeux pour enfant un revêtement en stabilisé des activités qui se créent

SteAnne des dunes

 

Le point de vue image n’est pas le point de vue usage

On ne pouvait pas traverser mais un petit pont devait exister

Un franchissement pour venir jusqu’ici

 

La famille

Une maison avec un rhododendron pétant rose/rouge

Ma grande tante qui y vivait maintenant c’est mon grand-oncle

Et ma tante une autre maison

Et celle de mes parents

Mais toutes des maisons secondaires

La famille qui vient de Quimper du côté de mon grand-père

Une famille qui habite en montagne et en Bretagne

Elle vient ici trois mois dans l’été

Plaisir du lieu mais pas en toutes saisons

Les habitants ne les considèrent pas comme habitants

 

Vivre ici

Nous avons choisi de vivre une expérience à l’année

Au début un défi

Tous les trois ans c’est à l’un ou l’autre de décider où on doit aller

Martin a décidé de venir en Finistère à côté de la mer

Le bout du monde le bout de la terre

Pour avoir de l’espace

Ici nous avons trouvé un point de chute

Nous nous sommes dit « On reste un peu et on bouge »

Mais nous avons été à notre surprise très bien accueillis

On a rempli une maison

Nous restions à l’année

Nous avons retrouvé des maquereaux devant la porte

Ces maisons aux volets fermés s’ouvraient

Les estivants et les habitants

Nous devenions habitants

 

On me le fait comprendre aussi que je ne suis pas d’ici

Le bastion les gardiens du lieu ceux qui vivent là depuis toujours

Ils ont peur que nous ne restions pas

Qu’il ne s’agisse que d’une étincelle sans flamme derrière

À chaque fois que nous partons quelques jours ils se demandent si nous allons revenir

Je peux les comprendre

Je suis là depuis si peu

 

Ceux qui se sont installés depuis plusieurs années sans être de souche viennent volontiers nous voir

Le voisin vient boire le café tous les matins

Un potager en face du bar tout en haut

Du troc qui se déroule

Quand j’ai un peu trop de flan j’en donne

Chaque Week-end on trouve à offrir

De l’entraide

 

Suis-je légitime de parler de tout cela

Je remarque une ambiance hivernale et estivale différente

Ce n’est pas le même endroit

 

Avant une grande colloc on ne connaissait pas les voisins

Et ici oui la spontanéité des voisins qu’on voit souvent plus que les collocs en ville

 

Jusqu’à quand rester ici

Nous sommes un en hiver et dix en été

La plage la famille tante grand-père parents amis

L’été c’est très balnéaire et très local en même temps

On vient ici on reste là pour profiter de tout ce qui nous entoure

Et le Lapic dans tout cela

 

J’ai interviewé ma grande tante

Son arrière-grand-père aurait habité un moulin sur le Lapic

Elle a des informations dessus des classeurs

Elle aime savoir

Elle m’a montré le portrait de l’arrière-grand-père

Un portrait qui était aussi chez une autre dame

Grâce au projet Atlas

Elles se retrouvent et se rendent compte qu’elles font partie d’une même famille même si elles sont éloignées

Très fédérateur de parler de ce Lapic

Des lignes qui se reconnectent

Et depuis elles se sont vues plusieurs fois

 

Le Lapic

Le fait de rester ici

Yest-il pour  chose ?

Il est dans la tête des habitants contrairement à nous qui sommes plus attirés par la mer

Comme il a été enterré recouvert on peut l’oublier

 

Remonter le Lapic

Pas encore

La photo d’avant me donne envie

Le projet aussi

 

Un des projets de l’Atlas qui me sensibilise

Comment on le donne à voir

Lui qui façonne le paysage

Si nous étions plus loin de la mer nous le verrions plus

Là il existe que par son embouchure

Et depuis quelques mois un petit phoque là où se jette le Lapic

Une attraction

Non un point d’intérêt

Les nouvelles tournent autour de lui

À l’échelle des habitants usager usagères le fait d’en parler c’est lui donner de l’importance

Et ces causeries mises en place autour du Lapic

En parler c’est lui donner de l’importance

C’est préparer des engagements

Le foncier le privé ça demanderait des aménagements énormes

Pour que nous puissions le longer le parcourir y créer des balades

Et le sujet sensible des algues vertes qui tend crée de la méfiance oppose même

Fait qu’on n’ose pas parler pour ne pas être étiquetés

Le côté identitaire est très fort

Quand ce n’est pas un endroit de passage c’est plus difficile

Un regard

Une présence

Un fichage

Les étiquettes qu’on te met

Je n’en ai pas envie

Je ne comprends pas

C’est dommage

J’adore écouter les autres trouver des consensus

 

Mais si on passe au-dessus comme on passerait le pont sur le Lapic

Les enjeux ne sont plus les mêmes

Le Lapic est un patrimoine vernaculaire commun

Il est essentiel d’en partager les souvenirs les pratiques actuelles

Le fait de créer les instances de paroles permet de réaliser un outil d’ancrage très important pour le donner à voir

Ce sujet autour du paysage des souvenirs des pratiques est un sujet fédérateur

Le paysage est un objet d’études interpluridisciplinaire

Un socle d’écologie d’un écosystème

Qui décloisonne tellement de disciplines

Un sujet génial

Très facilitateur fédérateur

Et se dire que ce n’est pas forcément un patrimoine immuable

Pas un grand site sanctuarisé

Un paysage qui change beaucoup

Qui évolue au fil du temps

De retracer ses appropriations nous concerne tous

J’ai senti

Quand j’ai pris connaissance de ce sujet que j’étais heureuse

Paysage eaux préoccupation à deux pas de chez nous

Le mouvement la vie l’essentiel

Mais certains voisins ont peur qu’on parle des algues vertes

On n’a pas envie de dire de s’exposer d’être remarqué mis dans une case

Il pense ceci il pense cela

Sa pratique est celle-ci sa pratique est celle-là

Et la pollution revient au premier plan

J’ai commencé autour de moi à parler du Lapic et quand je disais Lapic ils pensaient à ce sujet et ne voulaient pas en parler

Les premiers discours et les premières peurs

La peur de se mettre à dos ceux qui trouvent qu’on s’y intéresse

Un voisin a pensé amener un objet qui lui faisait penser au Lapic

Un pneu

Mais pour d’autres un pneu veut dire qu’on parle pollution parce que le Lapic est pollué

Le regard de l’autre empêche d’être

La peur que ça bouge

Un effort conséquent à faire

On ne parle pas de ce sujet mais de l’attachement pour le Lapic

Ça peut être bouleversant de changer des pratiques

 

L’écologie

C’est la première fois que j’habite où il y a un sujet écologique

Hyper intéressant

J’ai des convictions mais j’ai envie d’apprendre à connaitre à comprendre le contexte la situation le cours d’eau

Un cours d’eau

La ripisylve la végétation associée au Lapic

Pas seulement l’eau mais la richesse de la végétation de la faune qu’on peut voir à côté

Le son de l’eau qui coule

De savoir qu’il y a une rivière

Un linéaire qui serpente qui façonne un paysage et donne une ligne directrice et une limite administrative entre deux communes ou un point important de rencontre

Je prendrai la Loire comme représentation de l’importance d’un cours d’eau

La Loire est omniprésente sur son territoire

la plage d’aujourd’hui

La regarder

Regarder les oiseaux des franchissements somptueux

Une émotion très belle

 

L’Aulne à Châteaulin un centre pour les habitants

Que choisit de s’approprier le territoire

Que choisit-il de rendre visible de mettre en avant en valeur accessible

L’image d’un territoire pour en faire un usage

La plage qui est en photosur le bandeau pour présenter la commune

Une communication institutionnelle

Plonévez la ria

Peu de monde se gare pour voir le Lapic et pourtant ils jouent dessus

Le fait d’être à la ria on ne voit plus le Lapic

Ici on entend l’océan

On va peu autour d’un cours d’eau

 

La représentation

Le paysage identitaire

La dérive territoriale

On vend le paysage

On vend des lieux

Comment diffuse-t-on d’autres images d’autres paysages plus intimes plus de niches ?

Ici l’économie touristique

À l’office de tourisme de Plonévez quels sont les premiers mots qu’on communique aux touristes ?

Sainte-Anne la Palud ou Kervel

Mais les savoirs du Lapic peuvent être valorisés

Des petites logiques derrière à développer

 

Un des grands apports de l’Atlas qui peut réunir et tisser de nouvelles rencontres

Une démarche qui pourrait perdurer et qui pourrait parler du Lapic dans le temps

Être présente pour cette suite

Être présente pour accompagner le Lapic

Les rencontres

Les écoutes

Je suis partante sans pour autant militer pour le cours d’eau

 

Mer et Rivière

Y a-t-il concurrence entre la mer et le cours d’eau

Un public

L’autre privé

Un accessible

L’autre peu accessible

Un visible

L’autre beaucoup moins

Un site estival balnéaire

L’autre un parcours dans les terres

Et pourtant

 

Et pourtant

Le cours d’eau fusionne dans la mer

Ils vont de pair

Ils sont complémentaires indispensables à l’un et à l’autre

 

Si on regarde le trajet d’une goutte d’eau

Le récit de la connexion de l’interdépendance

De cette eau qui traverse plein de l’ambiance paysagère jusqu’à se jeter dans l’eau salée

Recréer du lien avec un chemin de halage

Celui qui amène à la mer qui fait reprendre conscience

Une autre expérience que de poser sa voiture sur le parking et de prendre sa serviette pour aller se baigner

 

On le fait pour la mer le droit de passage le long du littoral

Garder le lien avec l’eau

Elle deviendra rare

Dans les villes ils essaient de se reconnecter aux fleuves aux rivières

Remettre à jour les rivières urbaines

Créer des berges des sentiers de déplacements

Le rural une appropriation des berges différentes

L’entretien leur incombe

 

Pour rejoindre le Lapic

Le maire actuel a insisté pour mettre le panneau Lapic pour le signaler lorsqu’on passe dessus par la route

Mais on ne va pas à pied à l’est

On y va en voiture

 

 

Le manoir abandonné au-dessus de la Ria

Étonnant

Une architecture démesurée

On vient promener le chien

Pas de lien direct avec le Lapic

Un riche propriétaire décédé

Du pillage dans un premier temps

Et maintenant il appartient au département

Des plantations de pins faites

Il avait façonné le paysage

La pointe de Tréfeuntec était-elle privée à une époque ?

Et pourquoi ne pas mettre dans ce manoir la mémoire du Lapic de sa source à la Ria ?

 

Mémoire

Les pierres plates pour faire la lessive au bord du Lapic

Encore quelques traces ?

Les gens étendaient leurs draps dans les ajoncs qui dominaient le Lapic et la ria

Dans l’histoire comment les terres se sont-elles distribuées ?

Tellement de questions se posent

 

Dans le cours d’eau il y a l’eau

Rassembleur fédérateur

La ressource la plus importante

Le son de l’eau

L’eau qui est cristalline

On voit des paillettes dans l’eau

La brillance

La goutte d’eau

Le schéma le chemin de la petite goutte d’eau des nuages jusqu’à l’océan

Un récit qui peut connecter la rivière à la mer

Le besoin

S’alimenter la cultiver se laver

Elle fait partie du quotidien

Lors des coupures on s’en aperçoit

 

La perte de sens

La déconnexion entre l’eau des cours d’eau et celle qu’on boit

Nous avons l’impression d’une autre ressource

L’eau qui est bu devient abstraite en ressenti

Toute propre

Un objet

On perd l’origine

 

 

Alors que l’eau est une énergie

L’énergie qui façonnait le paysage

Qui faisait tourner tous les moulins

L’eau

La connexion

Il est urgent de remettre l’eau sur la table

Le Lapic sur la table

Le voir le toucher le repérer sur la carte

De voir le chemin de l’eau

De l’arpenter

 

Vivre ici vivre là-bas le Paysage

Je vivrais ici pour les attaches sociales

Je partirais là-bas pour les attaches familiales

Plus que le socle du territoire

Le paysage fait partie du social

 

Ici les gens viennent pour le plaisir

Et ça me rappelle que je suis bien ici

C’est trop bien

Plus que d’aller chez les autres ils viennent chez nous

 

Le pouvoir du paysage socle d’un territoire fondé par des pratiques d’habitants

Le rapport au paysage

C’est aussi savoir y aller seul

Un côté cathartique de voir les vagues qui s’éclatent sur les rochers

Les embruns

Le moment à soi je suis bien

 

Je n’irai pas jusqu’à militer pour le Lapic

Mais pour apporter des dessins de raconter des récits

Je suis partante

 

Ça m’a fait rêver de penser que les enfants de Plonévez puissent descendre à la mer par un chemin piéton