Michel
Lapic
Michel
Les gens sont encore dépendants des carburants fossiles. Depuis 1976, j’ai un capteur solaire passif système Trombe de 20 m2 qui chauffe de l’air en hiver et de l’eau en été.
Le Lapic
Ma maison je la chauffe avec le bois du Lapic
Bois et charbon pour la cuisinière, charbon pour passer la nuit
Ce qu’il représente
Le cours d’eau de Plonevez
Il y a un cours d’eau et c’est le Lapic
Et avec une histoire
Avec des moulins
et tout ce qu’il y a autour
Les prairies
Plus ou moins oubliées
les bovins
De moins en moins présents
Les céréales
maintenant partout dans les champs
la monoculture remplace la polyculture
les céréales ne poussent pas en contre bas près du cours d’eau
on ne peut envoyer des machines dans ces espaces réduits ou difficiles d’accès
Les prairies n’ont de valeur que pour les bovins qui les entretiennent
Avant on mettait des génisses dedans qui tondaient la prairie tout l’été se nourrissant de l’herbe
Aujourd’hui elles ne sont ni pâturées ni fauchées
Les prairies en contre bas ont de l’herbe jusqu’à mi-cuisse
Les bovins mangent de l’herbe et entretiennent le terrain et le valorisent
Les ruminants, moutons, chevreuils, wapitis… comme les bovins rejettent du méthane par la panse : ils rotent mais ne pètent pas
Les porcs et les volailles sont omnivores comme l’homme et consomment du blé, du maîs, du soja, du colza sont en concurrence avec l’homme sur l’accès à l’alimentation
Mais les bovins ne sont pas en concurrence directe avec l’homme car utilisateurs de fourrages grossiers cellulosiques
Sans bovin pour réguler les prairies
On peut faire des retenues d’eau pour faire des roselières et des chutes d’eau pour oxygéner la masse d’eau polluée comme le fait la station d’épuration en alternant phase aérobie et phase anaérobie
Avec ce système on pomperait les phosphates et les nitrates
Et la chute d’eau participerait à l’élimination des nitrates en oxygénant l’eau
Anaérobie phase sans oxygène : eau stagnante
Aérobie phase d’oxygénation : eau qui descend une chute d’eau en forme de cascade
Une façon d’abattre les phosphates et les nitrates dans les coins d’eutrophisation des lacs ou de la mer avec les algues vertes
Le seuil des nitrates est à 50mg par litre
Le Lapic est à 30mg/L
mais ça irait en contradiction avec la théorie de mettre les rivières dans leur lit antérieur
ce n’est pas pris en compte
Si l’on regarde chez nos voisins
L’aulne est une station d’épuration naturelle avec les biefs et les chutes d’eau pour les écluses
Le taux de nitrates descend à 15 mg/l, soit très bas
Les algues vertes poussent avec beaucoup de lumière dans une eau peu profonde
Pour se multiplier elles ont besoin de nitrates, de phosphates et de fer
La chlorophyle nécessite du fer pour la photosynthèse et tous
les ruisseaux du Porzay sont chargés en fer
Fer qui vient du sous-sol
De la pyrite qui est dans les schistes
Dans certaines fermes l’eau coule rouillée
Pour les phosphates on ne peut rien faire selon le CEVA
Des phosphates solubles ont été enlevés des lessives mais sont restés dans les pastilles de lave-vaisselles
Dans l’agriculture ils utilisent des phosphates non solubles
Le ménager oui
L’homme agit
L’homme pollue
L’homme transforme
Les études de l’agence de l’eau Loire Bretagne sur les phosphates
L’agricole n’est pas en cause
La seule façon d’abattre ça c’est de créer une roselière auprès des prairies inutilisables
Créer la station d’épuration naturelle
On vise l’agricole mais tout ce qui sort d’une station d’épuration qui dégage dans la rivière chaque fois qu’une grosse pluie sature le système est occulté
Je connais ce cours d’eau en particulier
J’ai côtoyé
J’ai vu beaucoup
Je me suis renseigné
J’ai lu la thèse de Nadège Durban sur les stations d’épuration qui éclaire le problème
Mon attachement
Je vis à côté
Il se modifie
Des choses en bien et en moins bien comme l’abandon des prairies
En mieux les tentatives d’intéresser les gens à la rivière
Avant de venir à Plonévez
j’habitais Plougastel et je courais avec les copains dans les ruisseaux
Je m’étais abonné au magazine le Sauvage que j’ai quitté quand les urbains ont commencé l’agribashing
il faut dire que
je suis plutôt un marin
je suis attiré par la mer
je ne suis pas un pêcheur de ruisseau de rivières
la connaissance du Lapic vient de mon métier et des gens qui vivent au bord avec leurs animaux
avec tout ce qu’ils m’ont raconté
mon truc
Étudiant, j’allais pêcher du thon au large du Portugal
Mes premiers pas sur ce territoire
Quand je suis arrivé en 64
Mes premiers stages
Mes premières rencontres
Mes premiers repères dans le pays
La première fois
J’ai toujours été attiré par l’eau
Un terrain que je voyais quand je passais sur la route
J’aime cette exposition avec le bois et la rivière en bas
Comme les gens qui aiment les moulins ou la mer
J’étais à côté de lui
J’avais de la curiosité
Je me suis installé en 71
Et j’ai travaillé avec les éleveurs qui travaillaient tout du long
Je suis vétérinaire
J’ai découvert
Le pont qui a été changé
Le meunier du Moellien
Le meunier de Keryar
Deux frères qui utilisaient l’Énergie hydraulique
Faisaient la farine pour les boulangers autour
Le blé pour le pain
L’orge broyée pour les porcs et de l’électricité
J’ai découvert
Les agriculteurs
Ils faisaient de la Polyculture et de l’élevage
Ils cultivaient du blé des pommes de terre de l’orge des betteraves
Leurs champs étaient tout autour
Le Lapic servait à faire tourner les moulins
Pour le reste l’eau tombe assez par ici il n’y a pas besoin d’irriguer
On n’arrosait pas
pas de sècheresse
Personne n’arrose
On n’est pas dans le sud-ouest
Avec l’eau qui descend des Pyrénées
Ici personne n’arrose le maïs
L’irrigation aurait un coût (20 quintaux par hectare)
J’’ai connu
Le remembrement
Le Porzay en open field “champ ouvert”
La perte des talus
À ce moment-là les prairies étaient en activités
Les paysans y faisaient du foin qui alimentait les génisses qui pâturaient pendant l’été mais pas l’hiver
les vaches s’enfonçaient dedans
Les fermes étaient petites
tout était exploité jusqu’au dernier mètre carré
Je n’ai pas connu les conflits sur les échanges de terre
Des parcelles plus grandes
Le ruisseau retracé tout droit
Le nombre de paysans s’est réduit
La culture du blé essentiellement
À cause de la mécanisation
Avant une ferme occupait 20 hectares
Le nombre d’exploitations a été divisé par quatre
De plus grandes surfaces exploitées
Maintenant 120 hectares
De gros de puissants tracteurs
120 ch avant 30 ch
Les gens ne comprennent pas tout cela
L’évolution de la mécanique
L’effet du remembrement
Les changements économiques
La transformation de la place du cours d’eau sur le territoire
Après-guerre il y a eu la révolution agricole en Bretagne
Déjà les chevaux étaient remplacés par les tracteurs après les années 50
De 52 à 56
Ma parcelle
Quand je descends c’est pour me promener dans le bois ou pour y travailler
Les arbres qui tombent
une dizaine
Je fais le bucheron
Je débite ce qui est parterre
Avec la tempête ou ceux qui meurent et comme c’est en pente sur la pierre les arbres ne sont pas bien enracinés
Deux arbres suffisent se chauffer tout l’hiver
Ma promenade
J’ai remonté le cours d’eau jusqu’au Mollien
Une jolie promenade
Pas de maison
Je suis dans la nature
Mais il faut être équipé
Ce n’est pas un chemin
C’est vallonné
Le cours d’eau est dans le fond
Des confluents à un endroit
Les prairies d’herbes hautes et des ronces les couvrent
Le bois de la mairie est entretenu
Le mien une partie que j’arrive à garder praticable
Et au sol peu de lumière donc les ronces ne viennent pas ou peu dans les bois
Je vais chercher les champignons, des pieds de mouton qui sont croquants
Il n’y a pas assez de lumière pour les fleurs mais au bord du chemin j’ai planté des jonquilles
Et sur ce bord du chemin là où il y a des trous de lumières des jacinthes
Quand le cours d’eau passe près des prairies il y a de l’herbe
Avant il y avait un étang
Une digue qui retenait de l’eau
Qui détournait une partie de la rivière pour aller dans l’étang
Les crapauds venaient pondre
Plein de têtards
Des petits crapauds d’un centimètre et demi qui sautaient partout
Des centaines remontaient jusqu’à la maison
Maintenant l’étang a été supprimé et les méandres recreusés
Une décision de renaturation
En amont du moulin l’eau était détournée dans un petit canal pour le garder à hauteur et l’eau arrivait sur la roue en hauteur
Dans le bief une retenue d’eau qui servait de tampon en cas de sécheresse
Des truites dedans une petite profondeur
Il fallait surveiller
Ça ne se faisait pas tout seul
Les deux meules tournaient les unes sur les autres
Il fallait surveiller
Que le grain descende régulièrement sur les meules
Que les meules ne prennent pas feu
Meunier meunier ton moulin va trop vite
Mais le potentiel d’épuration n’existe plus
Les moulins ne produisent plus
Il n’y a plus de meuniers en activité
Certains ont racheté pour être au bord de l’eau et rénovent la roue à aubes
Les minoteries ont remplacé les moulins à eau
Maintenant on remet le ruisseau dans son lit
Je connais un ancien meunier qui a équipé son moulin d’hydrogénérateur
Au lieu d’une roue à aubes qui meule elle produit du courant
Les retenues d’eau
Une idée à garder
Pour qu’un moulin tourne il faut une chute d’eau
Ce n’est pas au fil de l’eau
Ce qui est important c’est la différence de hauteur pour arriver sur la turbine d’en bas
Avant l’EDF ne voulait pas raccorder les moulins ni les éoliennes ni les panneaux solaires
Maintenant ça le fait
Le Lapic
Le cours d’eau peut devenir une promenade pour les piétons
Mais ne pas perdre de vue l’aspect de l’énergie
Remettre des hydro générateurs dans les moulins existants et utiliser les cours d’eau pour l’épuration
Utiliser son potentiel d’épuration
Et ce pour beaucoup de petits ruisseaux
D’où noyer des prairies pour en faire des roselières
Mais impossible avec les réglementations qui sont sorties demandant de remettre les ruisseaux dans leur lit jusqu’à détruire les moulins
Une forme d’aberration
N’opposons pas
Rassemblons
Des fois des choses qui me coupent les pas
Me font tomber les bras
On fait des choses insensées
Dans l’aulne on veut faire sauter les barrages d’écluses
Si on remet l’Aulne dans son lit ce sera un égout
De la modernité à la renaturation
Il suffit de bonnes volontés
On parle de biodiversité
L’écroulement de la biodiversité vient de la monoculture et de la disparition de l’élevage
Du blé du maïs du blé du maïs
Plus de pollen toute l’année
Plus d’insectes plus d’oiseaux
Le mode de culture est en cause
Avec la Polyculture
Du pollen toutes l’année
avec les vaches dans les prairies
des oiseaux toute l’année
De la biodiversité
Et des mouches sur les vaches
Mais les gens se plaignent des moucherons sur leur parebrise
Un contresens à la nature et au cours d’eau
Ici les éleveurs ne gagnent pas leur croute
Les laitiers que depuis cette année
On tend vers la monoculture de céréales
Un contexte économique dans lequel vivent les paysans
Les grandes cultures prédominent car elles bénéficient d’un cycle court et de la possibilité de stocker les produits
La biodiversité ça ne se décrète pas
D’un petit cours d’eau
La vie apparait
Le Lapic la source
Si c’est pâturé fauché la biodiversité se crée
Les pratiques ont changé par force pour des contextes économiques imposés
Le cours d’eau rassemble des problèmes multifactoriels
Avant d’agir
Il faut appréhender le contexte sinon ça ne va pas marcher
Il faut entendre les problèmes les regards de chacun
Le Lapic
Des arbres sont tombés sur le ruisseau
Ils servent au renard pour traverser
Les pécheurs font des opérations de nettoyage avec les tronçonneuses
Le cours d’eau n’est pas très large mais il creuse
À cause du débit en ligne droite
Le fait de créer des méandres ralentit la vitesse de l’eau et l’eau est moins profonde
Une source du Lapic est à Quéménéven
Trois kilomètres vers l’amont et cinq six kilomètres jusqu’à la mer
Huit kilomètres en tout
Ce qui m’attire vers le cours d’eau
le premier l’eau
le deuxième le bruit du ruissellement
le troisième le calme dans la nature
lorsque je suis en bas en train de remuer le bois
j’entends l’eau qui ruisselle
là il parle de la vie
j’imagine les poissons les tritons
j’entends le vivant
un bruit naturel pas artificiel trop entendu partout autour de nous radio musique télé moteur
pas le silence non plus
quand tout est silencieux c’est la mort
le vivant du cours d’eau
c’est un bruit assez doux pas aussi violent que les vagues sur une plage
on ne trouve ça que là
le vivant
les mésanges les bouvreuils les piverts des pinsons trop de choucas des pigeons
un corbeau qui chassait les choucas
il leur criait pour les chasser de l’arbre et leur volait dessus
les oiseaux sont là pour le biotope
le cours d’eau amène les moucherons et les libellules des bleues des grosses des belles
des salamandres aussi
une période où elles vivent dans l’eau
elles naissent déjà formées des vivipares
des hérissons
dans la chaine alimentaire l’eau participe
dans la monoculture la chaine alimentaire est cassée
le vivant
quelque chose qui bouge
un mouvement
pas un mouvement d’opposition mais d’écoulement
la mer bat les rochers
opposition
là le cours d’eau nous conduit dans un mouvement d’écoulement
et lorsqu’il entre dans la mer il est peu de choses
on ne peut pas mettre tous les tords sur les mêmes
on ne pas dire que les paysans sont responsables de tout
il y a des grandes villes qui ne traitent pas les phosphates
Un cours d’eau ce n’est pas un égout
alors que faire des contraintes administratives qui vont à l’encontre du but souhaité
le bruit artificiel c’est sortir du vivant et créer les conditions qui nous sortent du vivant
ce n’est pas facile d’exprimer les choses qu’on ressent comme instinctives
Le cours d’eau
comment faire prendre conscience qu’il s’agit d’un point central du territoire
ce qu’il laisse penser
le vivant qu’il nous rappelle
le rendre accessible pour que les gens puissent expérimenter
pour qu’ils entendent le bruit
chez moi je l’entends
la vallée est étroite
le bruit ne se disperse pas trop
l’eau
une attirance
l’eau
notre ressource
Avant il y avait une carrière une falaise de trente mètres de haut
Une carrière de pierres
Des arbres ont poussé dans la carrière
Chaque propriétaire y a sa vie
L’ancien boulanger le grand chasseur il vend son bois
Sur la rive gauche pratiquement personne
Sur la rive droite des fermes avec des bois qui servaient au chauffage
des taillis servaient à tailler du bois de chauffage
ici de beaux arbres des bois de futaie
Promenade sur les bords du Lapic
En partant de la voie romaine il n’y a plus qu’à passer par la prairie en bas de chez moi
et le bois du bourg qui est viabilisé
mais c’est interdit pour l’instant avec le bois qui est tombé
la promenade par le bois du bourg pourrait faire un petit circuit initiatique
renaturer le bord sur 1500 m
ce qui manque c’est un morceau en bas de chez moi ou de chez mon voisin
la prairie n’a pu être achetée par la commune
au début l’option de passer par chez moi avait été évoquée
mais entre la prairie et le bas de mon champ une hauteur de deux mètres
il faut remonter cet obstacle et en arrivant au bout j’ai un terrain en pointe
à la pointe le bas du lotissement au-dessus à cinq mètres
des travaux à envisager pour rendre accessible le tout
ce n’est pas infaisable
par chez moi ça reste un détour
mais ce n’est pas impossible
si ça se faisait
ma condition
il faudrait que je puisse me servir du chemin du bas et que les gens ne remontent pas chez moi
alors que par la prairie du voisin on longerait le Lapic
Conception d’un parcours initiatique
Le premier parcours
rester au bord du ruisseau
aller jusqu’au pont romain
sentir le bord du chemin
apprécier le cours d’eau
on pourrait imaginer une présentation du Lapic à l’entrée de la promenade
après tout du long du chemin sur le parcours de 2km mettre des panneaux avec des indications sur le bien-être « marque un temps de silence ferme les yeux écoute le bruit de l’eau »
sur des exercices de relaxation de respiration de méditation à réaliser
sur la faune la flore qui se trouvent autour et dans le l
Lapic
sur les fermes les cultures
sur la station d’épuration
les différents bâtis comme les moulins le lavoir
mais surtout sortir de la consommation
apprendre à prendre un temps
et écouter le ruissellement
un deuxième parcours qui irait vers Locronan
un troisième vers la mer
si le premier fonctionne
on peut faire plus et mieux pour les suivants
mais chaque chose en son temps
la maïeutique a fonctionné
j’ai accouché de ce que j’avais dans la tête
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