Atlas des rivières
de Bretagne Le Lapic
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Texte

Michel Nedelec
Lapic

Michel Nedelec

 

Le moulin au bord du Lapic

Le lieu de résistance

Le maquis s’était regroupé là

30 à 40 personnes

Certains étaient recherchés pour complicité après le sabotage qu’ils avaient fait

Les propriétaires du moulin avaient hébergé des résistants des maquisards

Ils avaient hébergé des saboteurs

 

Un oncle a été tué sur la poche de Lorient quelques mois avant la fin de la guerre

Il avait 20 ans

 

Mon père a été résistant

Il en parlait peu

Originaire de Quimper son ancienne ferme a servi comme lieu d’hébergement pour les Allemands

Les sacrifices imposés

Les devoirs alloués

Le silence dans les mots

Le cœur fermé

Il apprenait comme bien d’autres la guerre

Il apprenait à se taire tout en sachant

Et à coté de sa ferme

Le Manoir

Des résistants qui se sont cachés

 

Peut-on dire que Le Lapic est un résistant ?

Quand j’étais agriculteur j’ai fait une formation sur les sols

L’explication des formations géologiques

Les temps d’évolution

J’ai appris que la Bretagne avait été rattachée à l’Angleterre

Une petite rivière entre les deux

Au bas

Du riz des pâturages

Les gens dans des grottes

Mais c’était il y a très très longtemps

 

En ces temps immémoriaux on peut s’imaginer que le Lapic s’étendait plus loin pour rejoindre d’autres rivières

 

Le Lapic

Il représente La vie

Au sens large

Une vie sociale

Tous les gens qui vivent autour aujourd’hui et hier

Avant La vie était plus forte plus dense

C’était un besoin

Les moulins

La gestion de l’eau qui arrosait les prairies

La valeur fertilisante de l’eau

Ça ramenait la vie l’énergie

L’énergie au niveau des moulins

Le blé moulu

Des petits systèmes d’irrigation se créaient

Les gens partageaient à tour de rôle

L’eau apportait la nourriture par ses nutriments

Une eau qui se buvait ? je le crois

Les puits étaient développés au niveau des fermes

Un maillage de territoire avec talus et haies

Les puits restaient chargés longtemps de leur eau

Maintenant les talus ont disparu les puits se vident vite

Nous ne sommes pas dans le même schéma qu’avant

Le remembrement est passé par là

Le Lapic est devenu un déversoir

Avant

il était considéré comme une source de vie

Il amenait/apportait aux gens

Après

Avec les drainages

Les évacuations allaient dans le Lapic

Le Lapic devient un exutoire de nos intrants de nos comportements de notre exploitation

La sur fertilisation avec déjections animales était mal gérée

 

Mais Le Lapic est un résistant

L’eau doit couler

On l’a mis droit

L’eau a coulé plus vite

On l’a un peu busé

Abusé même

Avant

Trois quatre mètres de large maximum

Aujourd’hui

De trois à six mètres en ligne droite

Le lit a doublé de largeur

Et il s’est refermé

La végétation personne ne s’en est occupée

On a oublié le Lapic

Il s’est caché

Le moins mal

Par les ronces qui le recouvrent

Le plus difficile

Par les arbres tombés qui le referment

 

Le Lapic

Il faut l’ouvrir

Il faut refaire des talus des haies

Il n’est pas qu’un exutoire

Il faut faire prendre conscience aux gens de sa fonction

La vie animale qu’il nourrit

À protéger

L’énergie qu’il délivre

À retrouver

Qu’elle devienne électrique

C’est possible lorsque le Lapic développe toute sa force à un moment de l’année automne hiver

Aujourd’hui

Le Lapic baisse très vite de niveau

En trois semaines de temps il peut baisser de volume

Alors que les nappes phréatiques sont pleines

Les précipitations du ciel et des champs arrivent très vite dans le Lapic

Ainsi que l’eau des routes des départementales

S’il se remplit en hiver il se désemplit et devient un petit filet d’eau au printemps

Et à l’été presque plus rien

Avant

Les zones humides servaient de tampon pour éviter que cette eau aille très vite dans la rivière

L’eau retenue permettait un arrivage plus étalé

 

Le Lapic

qui est-il ?

La source du Lapic est un peu comme les racines des arbres

Elle se trouve à Locronan et Quéménéven

Je pourrais dire que c’est un résistant un peu boiteux

Il a un bon potentiel de biodiversité non exprimé

Mais on l’a handicapé

Il ne s’exprime plus au naturel

Il doit reprendre une place plus importante

Même s’il est tout petit

Les petits ruisseaux font les grandes rivières

Son travail sert aux autres rivières

Il amène des dynamiques

D’autres liens

À nous de nous motiver à faire des choses

Comme les randonneurs qui sont partants pour créer un chemin piéton

Pour enlever les ronces

Pour restaurer le lavoir qui le surplombe

Et pour nous locaux

Une façon d’expliquer la vie autour de ce cours d’eau

D’améliorer ses conditions « d’existence »

Même si ça a déjà commencé

Il faut prendre le temps

Tout demande du temps

Le cours d’eau à traverser tant d’époques

 

Avant

Le Lapic restait dans son lit

Les hommes créaient une petite déviation partielle de l’eau pour alimenter le moulin

Des biefs

Et des étangs au-dessus pour stocker l’eau

Mais ils ne touchaient pas au cours d’eau et ne s’en servait pas comme exutoire

Maintenant

On supprime les biefs car il n’y a pas autant d’eau dans le Lapic

Les pêcheurs préfèrent c’est encore plus naturel

 

 

 

 

Ouvrir le Lapic

Rediscuter

Remettre en discussion le rôle d’une rivière/du cours d’eau

Créer des lieux d’échanges de travail en commun

L’entretenir sous sa forme actuelle

Avec la possibilité de mettre des pratiques en place pour retrouver son niveau d’eau

Revoir la façon de l’exploiter

Respecter les contraintes de mettre des couverts végétaux

Mettre des cultures intermédiaires pour freiner l’écoulement de l’eau

La pluie s’infiltrera par les plantes et ensuite par les racines

Une première étape avant les talus

Éviter de mettre la terre à nue l’hiver en attendant d’en mettre une autre au printemps

Quand on récolte le maïs on laisse ta terre à nue

 

Sensibiliser les propriétaires les locataires les exploitants

Un travail de fond à faire avec ces gens

Mais prendre le bon bout

Ne pas se confronter

Ne pas venir d’en dehors

Si les choses se faisaient entre agriculteurs d’associations de gestion du patrimoine

Si les choses se faisaient avant de partir en retraite par des transmissions de savoir

Installer la discussion et l’entente

On veut se balader tu nous prêtes un bout pour passer

Accepter que ça prenne du temps

Peut-être 20 à 30 ans

Ne pas bloquer

Ne pas dire tu dois faire ça

Engager un travail de fond et de longue haleine

 

 

 

Que devons-nous arrêter ?

Zones libres zones tampon zones humides zones de pâturage

Même volonté

De plus en plus les paysans arrêtent la production animale

C’est le cas pour le Lapic

Pourtant

La seule façon de valoriser les bas-fonds c’était le pâturage

L’autre idée

On va recréer des zones naturelles

Des endroits qui deviennent inexploités

Un intérêt pour le paysan d’être rémunéré

On revient d’une façon naturelle aux zones libres qui vont freiner l’eau comme les couverts hivernaux

On va refaire des freins

Des agriculteurs sont de plus en plus sensibles aux talus et aux haies

Le travail de recréer des méandres

Freinage à l’exutoire limiter le débit de l’eau

 

Avant

Des surfaces d’intérêt écologique (haies talus bois…)

Des zones tampons entre Le Lapic et les champs

 

Les zones libres n’empêcheraient pas d’entretenir les abords des rivières

Les aménagements de fait pour les piétons les vélos les chevaux

Des activités de loisirs mais avec une participation active dans l’aménagement

Les randonneurs sont partants

 

Des zones ont été aménagées dans le temps

 

Je suis optimiste

Beaucoup d’agriculteurs sont le long du Lapic

Certains sont ouverts

Ils laissent des distances entre la culture et l’eau qui circule

Une évolution des jeunes sur cette question des différentes zones et de leur exploitation

Ça va évoluer avec eux

Si les jeunes agriculteurs restaient fermés

Le Lapic pourrait se boucher

Une retenue d’eau

La surface qui s’étale

Le drainage des terres qui s’évacuent dans le Lapic

Leur propre surface serait diminuée

Des zones humides plus hautes

 

Quand j’étais exploitant agricole de 84 à 2020

Ma ferme à Kerdun

Une zone humide jusqu’au corps de ferme

Je m’en rendais compte

Pas la même nature de terrain qu’en haut

Tout a été drainé autrement tout aurait gardé son eau

 

Quand tout a commencé ?

J’ai été attiré

Je cherchais une ferme

J’en ai vu un paquet

Un oncle à ma femme arrêtait son métier

Je l’ai rencontré

Pas simple au début

Mais on s’est mis d’accord

Mes parents étaient exploitants à Penhars sur Quimper

Mon père voulait arrêter

Je trouvais qu’il n’y avait pas trop d’avenir en bordure de ville

Il était urgent que je trouve

Ma femme de sainte Anne la Palud

La ferme où est né mon beau-père

Ma tante qui vit encore

Elle a traversé toutes les révolutions agricoles

Un beau témoignage d’une femme de 104 ans

Elle fait encore à manger le linge le potager

Elle a de cette eau dans le sang

 

En 97 98-je suis passé en forme de société EARL

En Exploitation agricole à responsabilité limitée

J’avais un but fiscal

Je l’ai appelé l’EARL du Lapic

Les gens me posaient la question c’est quoi le Lapic

La rivière d’en bas

J’ai créé de la curiosité

Le lieu-dit Kerdun

Par cette appellation originale j’interpellais les gens sur l’existence du cours d’eau

 

Mon voisin a fait le même cheminant

Il a nommé son entreprise l’EARL de la vallée du Lapic

Au début les courriers se perdaient entre nos fermes

Mais rapidement tout est rentré dans l’ordre

J’ai toujours pensé qu’ensemble nous étions plus forts

 

Une passion pour les vaches avant le cours d’eau

J’étais passionné par la vache laitière

Ça ou rien

Une passion transmise par mon père

La vie de mon père

Toute une histoire

J’ai repris son troupeau

Une forme de filiation

La Holstein différente de la Frisonne des Pays-Bas

Au départ mon père élevait la Bretonne Pie noire

Mais à Quimper il ne jouissait que de petites surfaces

Il fallait dégager du revenu

Donc intensifier la surface

Nous étions six à la maison plus l’oncle salarié

De la bretonne il passe à la frisonne

Comme il se passionne

Il fait venir deux trois vaches du Canada les Holsteins

 

Je m’installe avec 25 de ses vaches avec un projet pour en avoir 35

Les quotas laitiers arrivent en avril 84

Quelques mois après mon installation

Je ne savais pas si je pouvais tenir le projet

Ma laiterie incertaine de savoir si l’Europe me donnerait du lait

Alors j’ai ajouté la culture des céréales orge blé et un peu de maïs

Et beaucoup de prairies temporaires retournées

J’étais dans l’Intensif

Je compris qu’il fallait que je fasse mes armes au niveau de l’élevage

J’ai trouvé un système ultra-sensible

Je n’avais pas le droit à l’erreur sur l’alimentation des bêtes

Du maïs et de soja sont assez couteux

Alors je décidais d’entrer dans un groupe de réflexion en 89

On se souciait d’un animal plus durable PDD

Plan de développement durable

Un groupe du Finistère se créait pour aller au bout du raisonnement

Pour ne pas être en train de rêver

Pour avoir un système économique viable

Pendant cinq ans j’ai côtoyé des agriculteurs qui avaient des systèmes herbager

La formation de l’herbe l’exploitation de l’herbe

L’herbe autour des fermes pour sortir les animaux

J’ai mis en place des choses

J’avais 32 hectares et trois parcelles

J’ai planté des haies

J’ai refait les talus en 97

Je voyais que les bas-fonds des champs avaient moins d’eau

J’avais freiné l’eau en contre bas

Une protection des animaux utile aussi

Ce qui fut utile pour le jeune qui a repris

Et après j’ai mis beaucoup moins de maïs

Un système pour arriver à 80% d’herbe

Je vivais mieux mes résultats étaient meilleurs

 

Avant de passer à 80% d’herbe

Au niveau des intrants : les phytos sanitaires les engrais je n’étais pas bon

Si j’ajoutais à cela tout le travail que cela me réclamait ainsi que l’équipement pour le faire

Je me rendais compte d’une meilleure qualité de vie financière mais pas familiale et sociale

À l’époque des gros tracteurs envahissaient les terres

Pour ne pas être à part Je m’alignais avec mes voisins pour nous entraider faire du travail en commun

D’où des investissements conséquents

Le système de vaches ne me demandait pas trop d’énergie mais les cultures oui si je voulais travailler avec les voisins

Il fallait m’équiper

Je rentrais dans un système

 

Essayer autre chose

J’ai fait des simulations avec une dominante d’herbe

J’ai argumenté

Je me suis engagé

Je ne voulais pas répéter les erreurs

Je travaillais essentiellement avec du pâturage

De la fauche d’excédent

Un kilo de céréales te coûte 4

Un kilo de mais te coûte 2

L’herbe pâturée te coûte presque pas 0,5

Le rapport du coût alimentaire me faisait exploser les compteurs

Ce qui m’amenait à être actif dans la prise en compte de l’environnement du social

Avec moins de boulot et une meilleure économie

Et des retours en qualité

Je nourrissais mes bêtes les prairies et moi

En prenant soin de mon environnement

Je réparais le Lapic

Je lui redonnais de la vie

La couleur de l’eau redevenait plus claire

Avec des surfaces de terre nues l’hiver ma terre partait dans les surfaces en pente

L’évacuation de ta terre dans le cours d’eau

Alors qu’avec l’herbe l’eau est retenue et la terre aussi

Je n’avais plus besoin d’investir dans une machine dans un engin

Je faisais appel à une société de manière ponctuelle

J’avais plus de liberté financière moins de crédit à long terme

Une autre logique économique

Et le travail en commun s’arrêtait avec mes voisins

Eux continuaient en culture céréalière avec les mêmes besoins

Moi non

De fait quand j’ai changé le travail d’équipe a moins fonctionné

J’ai essayé de les convaincre mais leurs regards dépendaient du regard des autres

Le regard extérieur mais aussi le regard intérieur

Celui des parents qui ont fait pour le remembrement

 

Moi je m’installais sur cette terre

Eux y étaient nés

J’avais plus d’indépendance

Ce regard extérieur je m’en moquais plus

Le regard intérieur n’était pas le même

De grandes discussions avec ma famille m’avait poussé à prendre ma direction

 

Le machinisme

Je n’ai jamais été dans cette passion alors que les voisins oui

Les belles machines les beaux tracteurs ils aimaient

Nous n’étions pas dans le même registre

Beaucoup pensaient que ce système d’herbe était gourmand en temps

Le fait d’avancer le fil tous les jours pour apporter la ration quotidienne aux vaches

Chaque jour de réorienter les bêtes vers l’herbe à pâturer

Leur donnait la raison de ne pas y aller

 

J’ai essayé de les amener sur un groupe en commun

Ils ont changé un peu leur pratique mais pas totalement

Le regard de l’autre est trop fort sur eux

Moi on me traitait de rêveur

Dans le Porzay les haies n’étaient pas bien vues

Il ne fallait pas gaspiller la terre pour planter des arbres

Un aspect négatif

Chaque parcelle de terrain compte et doit être exploitée

Alors que de nombreuses études existent sur le sujet

« Ce que tu perds autour tu le gagnes au milieu »

Attendre dix quinze ans c’était trop

Et aujourd’hui

De ces gens là plantent des haies refont des talus

Il faut du temps pour chaque chose

 

Quand je suis arrivé en 84

Quatre génisses de mon père attendaient leurs veaux

Je les mets dans une parcelle

La tempête souffle fort

L’accident se produit

Un râtelier tombe sur une bestiole

Le râtelier un abri couvert où je mets du foin

Je dois envoyer la bête à l’abattoir

J’ai pris conscience du pays dans lequel j’arrivais

Il n’y avait aucune protection sur les parcelles

Pas de haies pas de talus

Le vent de la mer en prise directe avec la prairie et les bêtes

 

La suite

Pour continuer dans ma démarche je voulais préparer la suite de mon engagement pour un jeune

Le jeune que j’ai choisi est lui totalement herbagé avec plus de vaches que moi

Un peu plus de 100

Il a choisi des kiwis

Une des plus légères

Un croisement entre la jerzeyaise une vache un peu souris avec des taches noires autour des yeux et la frisonne issu de sélections génétiques

Il traite une fois par jour au lieu de deux

En décembre et janvier il n’a pas de traite

Un temps de repos pour les vaches et pour lui

Les vêlages ont lieu sur les deux mois de février et mars

Et le reste de l’année il gère l’herbe

Nous les anciens nous tentions d’être performants un peu partout avec cette tendance à nous disperser et à augmenter nos heures de travail

Lui prend un axe et le suit

Il s’occupe de la bonne gestion de l’herbe et de la santé des animaux

Les bêtes sont dehors toute l’année

Quand il pleut les parcelles pourraient être noires et cela déplait aux voisins

Lui avance le fil tous les jours et referme derrière

Un sol qui n’a pas le temps d’être piétiné

Les bêtes ne restent pas plusieurs semaines au même endroit

L’herbe revient naturellement

Pourtant le regard se braque sur ce système

Lui à moins de problème sanitaire

Dans une étable il faut gérer les bêtes

Des virus des bouillons de culture

Lui n’a plus cette gestion-là

Et comme ses bêtes sont plus légères elles tiennent mieux sur la terre

Il leur demande beaucoup moins de lait

Plusieurs jeunes étaient intéressés par l’exploitation

J’ai choisi d’accompagner cette volonté d’aller vers ce système innovant

Une suite que j’avais amorcée

 

Renaturation et exploitation

Comment faire vivre les deux ?

Le système laitier est décrié car il demande beaucoup de travail

Soit on va vers l’intensif avec les robots et l’automatisation et plus d’investissement

Soit comme le jeune avec peu d’investissement et un plan économiquement viable

Le pâturage respecte le fond de vallée

L’herbe n’est pas tuée elle est gérée par les animaux

On ne détruit pas le milieu naturel

Par son système on peut donner une possibilité aux jeunes de s’installer

Moins coûteuse moins astreignante

Elle donne une meilleure image sur la production tout en respectant le Lapic et les bêtes

 

La gestion des fonds de vallée est là pour respecter la rivière en contre bas

Ce qui me dérange c’est la disparition des producteurs de lait

Ils ont toute leur place par l’utilisation de l’herbage

Un moindre mal

Mais installer des jeunes redonne un sens économique

Une vie à un territoire

Sans être nuisible à l’environnement

Il évite l’artificialisation des terres agricoles

J’avais une zone renaturée

Les animaux allaient dans les joncs

On ne les voyait plus mais eux se nourrissaient de cette herbe sauvage

Des zones au potentiel énorme qui tiennent la route aux autres

Une herbe naturelle

 

Le jeune qui a repris mon exploitation

Je lui ai donné un coup de main pour faire les clôtures autour du champ

Il allait loin du talus pour poser les clôtures

Je lui ai demandé pourquoi il ne s’en rapprochait pas

Il me dit : « moi c’est simple, le tracteur de l’ETA entreprise de travaux agricole  vient sur la route pour débroussailler les côtés, par extension il m’enlève les broussailles sans toucher aux talus, il taille dans la largeur au-delà du fil alors qu’avec le talus il aurait trop à faire, mon bord de champ reste nickel. Tout le monde se satisfait de la situation »

Et pour le bord du Lapic il laisse un à deux mètres

Et il ne voit aucun inconvénient à ce que des piétons passent

 

L’existence du chemin piéton comme le chemin des douaniers sur le bord de mer

Je pense qu’il y a toujours une solution

Certes beaucoup de zones humides sont à respecter

Mais un chemin praticable du printemps à la fin de l’été

Ça peut commencer par un sentier

À Pouldergat

Un chemin

Des blocs de béton de cinquante centimètres de large récupérés dans une porcherie mis bout à bout

Ils étaient ajourés

Un peu d’herbe est passée à travers

Il faut inventer du lien

Le groupe de réflexion me permet d’évoluer

Un potentiel pour faire plein de choses

 

 

L’exemple

Au niveau du moulin

Celui que j’ai acheté

Depuis que j’ai réouvert

« On peut approcher on peut venir voir »

Ça se met en route

Ça me rend optimiste

Je le mets hors d’état de ruines

Un lieu de vie et un lieu de travail pour le futur

Un lieu habité à habiter

 

Il faudra des étapes pour rattraper le temps perdu

Il faudra ne pas être dans la violence des mots trop forts

Des jugements trop hâtifs

Des réactions trop contradictoires

Il faudra accepter les résistances et que d’autres erreurs se fassent

 

J’aime voir les gens venir

Je suis en position confortable

C’est différent que si j’allais les voir

Le moulin me permet d’être dans cette position

Les chasseurs les pêcheurs passent

Un bruit qui se répand de mon action

Je peux m’en servir pour sensibiliser les gens à respecter le cours d’eau

D’autres valeurs que l’exutoire se développent

Ce que je fais prend la forme d’un levier important

Mon objectif est d’installer des jeunes dedans et sur cette parcelle

Il y a un projet de vie là-dessus

Pourquoi ne pas imaginer aussi une résidence d’auteur qui serait accès sur l’environnement et le cours d’eau

 

Le Lapic

Un lieu rassembleur

Depuis que l’atlas est parti les langues se dénouent

Des choses qui se disent

Avant on n’en parlait pas

Il fallait une action assez forte pour que les gens se réveillent

Nous y sommes

 

Quelques mots pour terminer

J’ai remis un petit pont en place

Ça me donne à voir les fluctuations de la hauteur de l’eau

Je fais mon petit tour régulièrement

Mes observations

Ça me met dans l’esprit

Le puits que je regarde

Ses fluctuations

La relation du puits du cours d’eau

Le gros drain au-dessus

Et là je m’aperçois que j’apprends toujours plus de ce cours d’eau

Un éveil sensible à mon environnement à ma condition de vie et à mon empreinte sur la terre