Parcours 6 Elle - 7 Goatfed, résonance, parcours, témoignage
Je la regarde exister depuis toutes ces années
Elle nait en 1920
Au bord de mon ruisseau où il fait bon vivre
Au milieu de la prairie une source arrosait la terre
La fontaine s’utilisait quand il n’y avait plus d’eau
L’été ils inondaient les prairies la plupart du temps
De nombreuses terres des propriétés actuelles
Datent des grands-pères et des grands-mères
Ses frères allaient à la prairie
Ils avaient les pieds les chaussettes trop mouillés
Presqu’une punition de se faire mouiller les pieds
Ils ne jouaient pas avec moi mais s’amusaient de mon eau
Se rendaient-ils compte de ma présence et de son importance
Au bord de mon ruisseau où il fait bon vivre
Au milieu de la prairie une source arrosait la terre
Je la regarde exister depuis toutes ces années
Ils avaient acheté un moulin à moteur pour faire la farine
Des métiers s’étiolaient
Et l’eau n’avait plus son importance
Je coulais
Je traversais avec elle toutes les époques des êtres humains
La guerre
L’occupation
Je n’en souhaite plus
Elle est le malheur des hommes
Le métier
Les femmes n’avaient pas d’autres métiers
Ou elles restaient à la ferme
Elle
Travaillait sans cesse dans les champs
Aurait-elle pu faire autrement que de prendre la suite de ses parents
Elle ne savait faire que cela
La modernité
La plus grande chose ce fut quand la clôture électrique arriva
Son mari disait que c’était l’un des plus grands progrès
Le remembrement
Pour elle c’était naturel
C’était comme ça
Ils disaient elle faisait
Ont-ils assez réfléchi des conséquences
De leur ardeur à dépenser leur énergie
Depuis quelques années
Ils replantent
Remettent des talus et des haies
Préservent mes zones humides
Retravaille mon cours d’eau pour que le vivant reste
Aujourd’hui
Comme il y a plus de publicité que d’informations
Alors elle éteint la télé
Elle préfère lire les journaux
Elle choisit ce qu’elle veut lire
L’eau est là
Elle est là
Comme
Je suis là
C’est normal
C’est comme ça
La guerre je n’en souhaite plus
Elle est le malheur des hommes
La paix dans ses choix lui permet de mieux vivre
La paix avec soi rend possibles les choses
La paix dans ses choix lui permet de mieux vivre
La paix avec elle rend possibles les choses
La paix qu’elle ressentait quand elle descendait à la rivière
Que je ressentais lorsque je la voyais venir
À son âge avancé
Elle a les yeux tristes et le sourire joyeux
Existence d’une vie avant l’entre deux
Pleine de ce qu’il y avait à vivre
Sans plus sans moins juste ce qu’il faut pour avancer
Et moi
Je coule vers l’océan
Je suis encore vivant
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