Atlas des rivières
de Bretagne Le Lapic
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Carte littéraire

Cliquez sur la carte pour partir à la (re) découverte du Lapic. Explorez les parcours, les haïkus et les témoignages.

Parcours 1 - Je suis là

Sur les hauteurs de Locronan

Brest et ses bâtiments blancs

Au loin la mer

L’océan bleu où je me jette

Telle la lumière dans l’anse de la vie

De verts pâturages tout autour

Des bâtis répartis

 

Je file sur mon axe de haut en bas

Contournant les méandres

Au son des oiseaux rieurs

Des souvenirs aidants

La traversée des époques

 

Regardez-moi

Apprenez à me voir tout autre que sur une carte

Et venez me rejoindre quand vous prendrez le temps

Le paysage se dévoile sous vos yeux

Je suis en contre bas

 

Mais avant

La première expérience pour me goûter est de rester dans le silence

De laisser agir le lieu

De parcourir le temps du champ de vision

Du champ de l’écoute

Du toucher même si l’envie vous prend

 

Rapprochez-vous

Sentez

Vibrez

Vivez

Soyez-vous avec moi

La vie est belle quand vous vous écoutez

 

Appréciez

La paix la sérénité la tranquillité

La captation de l’ordinaire différencié

Ce sentiment d’aventuriers sur la hauteur

 

La plaine de Porzay

Un espace protégé

Un havre de paix

Le paysage le bocage les animaux la mer l’ouverture

Protégés par le Menez Ohm

 

Paysage à vivre

Paysage à protéger

De l’un de l’autre

Tout en étant avec

 

Un paysage polysensoriel

La vue

Le bruit des insectes

Des oiseaux qui passent

Les sons amplifiés

Le relief pris par le calme qui s’est posé

Malgré le bruit de l’activité humaine

 

À gauche les voitures

À droite l’aspect agricole dominant

À l’orée de la forêt des marcheurs

Et dans le dos la lumière

La face nord exploitée par les peintres

Sans effet d’éblouissement

 

Vous regardez

L’église

La peignez la dessinez

La baie de Douarnenez

La longez Y plongez

 

Et les peintres encore eux qui dessinent

La baie les champs

Les pins et leurs effets transparents

Leurs effets de perspectives de contraste

Les cyprès de moi et encore loin

 

Je suis peu sur vos peintures dans vos regards du haut de Locronan

Je suis plus bas plus bas

Je suis là

 

J’ai du vécu avec celles et ceux qui veulent faire

Je suis le concret

Je suis à plusieurs points

Ma direction est prise

Un paysage opérationnel à portée de vos mains

 

La perception

Vous en avez tous une

Mais elle est différente selon d’où vous venez

Une valeur de subjectivité qui se partage

Pour un apprentissage du regard

Le regard s’éduque

 

Je suis dans l’architecture du paysage

Je suis dans l’organisation même d’un territoire

Je crée le maillage du trait

Je traverse les zones humides et les terres cultivables

Les terres d’élevage

Terres chaudes

Terres froides

 

Rapprochez-vous

Encore un peu

Je suis

Une calligraphie

Une succession de dynamiques végétales

 

Je suis là

Les Haïkus du parcours :

Je suis là - 2

Parcours 2 - Une réalité

Je commencerai par vous dire

Derrière chez vous savez-vous quoi qu’y a

Derrière chez vous savez-vous quoi qu’y a

Un bois et un cours d’eau

Plus loin une prairie

Pas infranchissable

Juste à faucher à pâturer

Derrière chez vous j’y pense depuis longtemps

Mettre un chemin pour les piétons

Des discussions des tables rondes

Et regarder le mouvement de l’eau qui dessine le vivant

 

Je vous pose une devinette

Mon premier court

Mon second bruite

Mon troisième se repose

Qui suis-je ?

Mon premier l’eau

Mon deuxième le ruissellement

Mon troisième le calme

Mon tout Le Lapic

 

 

Mon histoire en quelques mots

Aujourd’hui

Je suis encore un cours d’eau

Je suis le Lapic

Avec une histoire

Avec des moulins hors d’état

Disparus pour beaucoup

Et tout ce qu’il y a autour

Les prairies

De beaux arbres

Des bois de feux

Des fermes

Un patrimoine plus ou moins oublié

Avec les bovins

De moins en moins présents

Les céréales

Dans la plupart des champs

la monoculture qui remplace la polyculture

Chaque propriétaire y a sa vie

 

Les jeunes agriculteurs portent un autre regard sur le cours d’eau

Sont plus sensibles à leur environnement aux zones qui le composent

À l’évolution de leur métier à la vie qu’ils préservent

Ils ont de mon eau dans leur sang

 

Installer des jeunes redonne un sens économique

Une vie à un territoire

Sans être nuisible à l’environnement

Cela évite l’artificialisation des terres agricoles

Je peux vivre avec les exploitations

 

Je suis un résistant

Je coule quelles que soit les tempêtes

Quelle que soit mon histoire

Ce que j’aimerais

Je suis un peu comme les racines des arbres

Je viens de Locronan Quéménéven et Cast

Je suis ce résistant un peu boiteux

Qui n’exprime plus son potentiel de biodiversité

Même si je suis tout petit

Je veux reprendre ma place

 

J’aimerais retrouver les talus les haies

Ne plus être qu’un exutoire

Retrouver la vie animale que je nourris

Que je protège

Retrouver l’énergie que je délivre

 

Nous devons prendre le temps ensemble

Sans l’homme je pourrais me refermer

Tout demande du temps j’en ai l’expérience aiguë

 

Sensibilisons pour ne pas bloquer

Un travail de fond et de longue haleine

Recréons des méandres

Créons des zones libres

 

 

D’y aller trop vite provoque un contresens aux pratiques apprises

Un contre sens de l’appropriation d’idées nouvelles

Un non-sens au retour de la nature.

Alors que le bon sens veut que nous allions dans le milieu naturel à 100%.

 

Des étapes seront nécessaires pour rattraper le temps perdu

Nous sortirons de la violence des mots trop forts

Des jugements trop hâtifs

Des réactions trop contradictoires

Nous accepterons les résistances et que d’autres erreurs se fassent

 

Quelques mots pour suivre mon cours d’eau

Je suis Le Lapic un axe de territoire

Un lieu de rassemblement

D’évolution des pratiques

Vous pouvez m’approcher

Vous pouvez venir me voir

Ça se met en route

Ça me rend optimiste

 

Je suis ce cours d’eau qui vous apprend toujours plus

Un éveil sensible à votre environnement

À votre condition de vie

À votre empreinte sur la terre

Parcours 3 - Une traversée

Notre travail est incessant

Par gravité l’eau finit en bas

L’eau arrive là

Après tout son ruissellement

Après tout son écoulement

Elle arrive là à Tréfeuntec

 

Et souvent quand il y a un ruisseau il y a une rivière à passer

Il y a une prairie permanente avec sa diversité d’espaces

Une zone humide dont on tire bénéfice

 

Les Zones humides sont proches des cours d’eau

Qui dit humidité dit production d’herbe importante avec du foin d’une flore intéressante

Ces prairies ont leur place ici

 

Nous avons tous un impact sur notre environnement

Le respect d’un sol passe par un respect des pratiques

Adoptons les bonnes pratiques

L’eau n’en sera que meilleure

Pour mieux préserver l’environnement

Remettre des animaux dessus

Faire fonctionner l’écosystème dans les règles de l’art

Ça ne veut pas dire polluer

 

Utilisons naturellement ce que la nature permet de faire

Le sol travaille plus

Il est plus efficient

Il maintient l’organique

Il retient les nutriments au sol

Il retient l’eau

 

Nous sommes là

Les cours d’eau sont partout

Toujours un cours d’eau qui passe au final

Le cours d’eau est l’habitant permanent

En Bretagne en bas souvent un cours d’eau

Ils sont partout et je m’en réjouis

Les gens aiment se baigner dans l’eau propre

Mais les gens ne voient que l’eau qui vient de la mer ou le lait qui vient de la brique

Tout à une incidence

Les cours d’eau sont liés à vous

Ne nous oubliez pas

Vous avez besoin de boire et vos déjections vont vers les stations d’épuration

Qui vont bien quelque part

 

Agir ensemble

Il est primordial de prendre soin des cours d’eau et notamment du mien Le Lapic

Sortez de vos habitudes

Accordez-moi votre attention

Un cours d’eau c’est la vie

Vous avez tous une partition à jouer

Vous vous déconnectez trop souvent de la terre

Revenez à du cohérent en me fréquentant

De reconnecter à la terre à l’eau c’est vertueux

Agissons avant d’être contraint

Et le monde se portera mieux

Parcours 4 - Un paysage

Je suis un mélange à l’eau salée lorsque je rejoins la mer

Le point de vue de l’image n’est pas le point de vue de l’usage

Un entre deux entre ceux qui vivent ici et ceux qui viennent d’ailleurs

 

Je gonfle quand il y a beaucoup de pluie

La prairie s’inonde

Et là de sous le parking je sors pour rejoindre la mer

Un mélange à l’eau salée

 

Au bas je coule

Au fond la mer

Une attirance séparée entre deux mondes

 

J’ai été enterrée recouverte mise de côté

Ai-je été négligée abandonnée oubliée

Je suis une résiliente

 

Le fait de parler de moi

C’est me donner de l’importance

Je suis un patrimoine vernaculaire

 

Et se dire que ce n’est pas forcément un patrimoine immuable

Pas un grand site sanctuarisé

Mais un paysage qui change beaucoup

Qui évolue au fil du temps

 

 

Paysage eaux préoccupation à deux pas de chez vous

Le mouvement la vie l’essentiel

 

La ripisylve la végétation la faune la flore s’associent au cours d’eau

Le son de l’eau qui coule

Le dessin de mon trait

Un linéaire qui serpente qui façonne un paysage

Donne une ligne directrice

Une limite administrative entre deux communes

Un point de rencontre

 

J’ai des convictions

Mais j’ai envie d’apprendre à connaitre

Le contexte la situation

J’ai envie de comprendre qui vous êtes pour que vous appreniez à mieux me connaitre

 

La représentation

Le paysage identitaire

Quels choix prendre pour harmoniser terre et mer

Nos deux eaux

 

Une concurrence entre mer et rivière ?

Un public

L’autre privé

Un accessible

L’autre peu accessible

Un visible

L’autre beaucoup moins

Un site estival balnéaire

Un parcours dans les terres

Un qui s’entend

L’autre plus discret

Un mis en avant

L’autre qui revient à la surface des mémoires

 

Si on regarde le trajet d’une goutte d’eau

Le récit de la connexion de l’interdépendance

De cette eau qui traverse un territoire

Plein de l’ambiance paysagère jusqu’à se jeter dans l’eau salée

 

Si vous recréez du lien avec un chemin de halage

Celui qui amène à la mer qui fait reprendre conscience

Vous fera garder le lien avec l’eau

Avec mon cours d’eau

Une autre expérience que de poser sa voiture sur le parking

Et de prendre sa serviette pour aller se baigner

 

 

L’eau est une énergie

L’énergie qui façonne le paysage

Qui faisait tourner tous les moulins

 

L’eau

La connexion

Il est urgent de remettre l’eau sur la table

De me remettre sur la table de vos priorités

Me voir me toucher me repérer sur la carte

Sans prétention aucune

De voir le chemin de l’eau

De l’arpenter

 

Plus que le socle du territoire

Le paysage fait partie du social

Parcours 5 - Une histoire comme une autre

Vous ne pouviez pas approcher le moulin quand vous êtes revenus. Mais ce dimanche-là, vous êtes quand même venus me voir avec vos enfants et vos petits-enfants. Et là, vous découvrez un chemin pour accéder à mon cours d’eau. Vous n’y croyez pas, vous qui pensiez que c’était inaccessible. Vous avez été agréablement surpris, empreints d’une émotion que vous ne sauriez traduire.

 

La rivière, un lieu. Vous me traversiez, pour les proches, mais je n’étais pas la source de vos revenus, pour beaucoup. De plus, aucun d’entre vous ne s’exerçait à la baignade ou si peu ; l’eau des rivières est froide. J’étais un élément du paysage pour vous, pas un terrain de jeu.

 

Nous sommes de la même eau

J’ai l’impression que ma vie est comme celle d’un humain. Je n’ai jamais été malheureux dans le fond. J’ai toujours eu une vie assez riche. J’ai été entouré. J’ai trouvé sur ma route des hommes et des femmes qui étaient comme moi et moi comme eux. Des femmes et des hommes qui vivaient leur vie tout en avançant sans se retourner. Pourquoi se retourner, la vie n’est-elle pas devant ? Certains et certaines sont partis, d’autres revenus, parfois les deux, mais comme moi, ils ont fini ou finiront leur vie ici, d’une manière ou d’une autre. Ils ont construit leur vie comme j’ai construit la mienne : un long fleuve pas tranquille, mais vivant de ce qui nous est donné, de joie et de tristesse.

 

Le temps d’entrer en action

Avant, tout ça ne les intéressait pas. Leur travail, leurs enfants, les élever au mieux. L’ancien, le vieux ne les intéressait pas, mais depuis qu’on parle de moi, du Lapic, ça leur a réveillé, réveillé la conscience.

 

Les Témoignages du parcours :

Michel Nedelec

Parcours 6 - Lui

Lui

Je l’ai rencontré dans les bas-fonds

Un bâton à la main

Il observait tout autour de lui et me regardait

Il parlait à voix basse

 

Je l’entends dire

 

Un cours d’eau c’est du boulot

Il faut l’entretenir

Nous on regarde la nature et on voit les changements

 

Le ruisseau

Il arrive un peu plus bas dans le bois de pin

Il vient de la montagne de Locronan

Il démarre dans le granit

Une vingtaine de petits ruisseaux se jettent dans mon cours d’eau

 

Autour

Il y a de nombreuses prairies

Ce sont toutes des propriétés privées

Quand tu n’es plus chez toi tu es chez quelqu’un d’autre

 

Lui

Fait partie d’un club de randonnée

Ils marchent le long des talus

Ils ne traversent pas les champs de blé

Ils ne traversent pas les fermes

Ils respectent le lieu

 

Avant il n’y avait pas de routes

Les gens passaient de champ à champ

Ils longeaient la prairie

Toute une histoire à faire revivre

Si on n’en parle pas on passe à côté

 

L’eau

Ils allaient la chercher à la fontaine

Il n’y avait pas de machines à laver

Ils la prenaient à la pompe quand elle était gelée

 

Je l’entends dire

 

Maintenant il suffit d’ouvrir le robinet

L’eau n’a plus la même valeur

Elle est devenue une habitude

 

Avant

Ils déviaient

Ils canalisaient

Ils récupéraient l’engrais dans l’eau

 

Je l’entends dire

 

Sans le ruisseau

Il n’y aurait pas eu toute cette vie

Il est un lieu de rassemblement

Recirculer dans les bas-fonds le replonge dans son enfance

Lui donne cet attachement à cette terre à ce cours d’eau

Des lieux qui pour un gamin sont importants

 

L’aventure était là

Ils ne descendaient jamais jusqu’à la mer

Il n’était ni pêcheur ni chasseur mais observateur

 

Je l’entends dire

 

À six kilomètres on n’allait pas à la plage

Pas le temps

Pas l’envie

Pas le mode de vie

 

Je ne suis pas mer

Pas marin

Je suis eau douce

Agriculteur

 

 

Il ne comprenait pas plein de choses

Et lorsqu’il se penchait vers moi

Il m’avouait

Les poissons n’ont pas internet

Ils ne savent plus où aller

 

Chaque génération croit bien faire et chaque nouvelle défait

Je l’entends dire

 

Qu’avons-nous fait

 

Avant

Les gens faisaient ce qu’ils avaient envie

Personne ne les empêchait

Les garçons avaient le droit d’utiliser le couteau qui taillait les arbres

Ils avaient une plus grande liberté

Nous étions jeunes

Constate-t-il

Certes il y avait beaucoup de coins où la misère s’installait

Mais par-dessus tout il y avait la liberté

 

Il y avait des étangs un peu partout pour nourrir les gens

Ceux-là mêmes vidaient remettaient du fumier pour réactiver l’étang

Des vers pour que le poisson vienne

 

Il y avait des ruisseaux et mon cours d’eau qui allaient à la mer

Des hommes et des femmes qui l’habitaient

Qui avaient conscience qu’un cours d’eau c’était la vie

Convaincu qu’il était possible de vivre ensemble

 

Aujourd’hui je suis une partie de leur vie

Un contact permanent avec les animaux et les prairies

Un cours d’eau qui va encore à la mer

Et qui leur demande chaque jour d’apprendre à le respecter

 

Je l’entends dire

 

 

Pour apprendre

Il faut observer

Pour connaitre

Il faut passer du temps

 

Leur petite fille avait peur au début

Ils l’avaient encouragée accompagnée

Ils lui avaient rendu possible de goûter à cette liberté

Et de la partager avec leurs sourires

 

Je l’entends dire

 

Vivre ailleurs serait un peu comme vivre en prison

On n’est vraiment pas pressés de partir d’ici

 

Depuis la retraite

Leur environnement

Ils l’apprécient encore plus

Ils le regardent encore plus

Ils le vivent chaque seconde

Ils ont la santé

Le cadre l’environnement

Et la résilience

Il ne faut pas rester sans bouger sans vivre sans venir me voir

 

Je l’entends dire

 

Nous sommes dans le paysage

Nous faisons partie de l’environnement

 

Je peux vous l’assurer

Qu’est-ce qu’il est beau notre lieu

Pas de bruits

Les oiseaux

Le vent

Le chêne sur le talus

Un pommier en fleurs qui le squatte

Un circuit de promenade

La végétation qui a beaucoup poussé

Et moi qui coule paisible traversant les épreuves du temps

Parcours 7 - L'eau, la vie

Les bactéries travaillent et transforment l’azote en nitrate

La turbine aère l’eau et élimine la partie organique

Monte

Monte

Monte

En aération

 

Le prélavage de l’eau se fait tous les jours

NH4 l’azote ammoniacal

NO3 l’azote nitrique

Les deux sont vérifiées

 

Si les humains qui s’occupent de la maintenance de la station

Repèrent de mauvaises bactéries

Ils agissent

Font des réglages

Autrement

Il y a danger pour moi

Aquatique en premier lieu

L’ennemi de la station

Les eaux parasites

Le vivant menacé

L’installation est rustique

Donc elle résiste aux chocs

Ils la travaillent constamment pour ne pas qu’elle se dégrade

Tout ce qui est rejeté est cadré par la préfecture

Un rejet plus contrôlé en été qu’en hiver

Un traitement au phosphore

Un traitement chimique

Quand il y a des molécules dites pas sympas

Soit ils interdisent au fabricant de vendre

Soit ils traitent en sortie

 

Une station met en place un travail de proportion et de milieux

En prenant en compte la capacité à accepter

Ce n’est pas de l’eau de source qu’ils rejettent dans mon eau

Même si les objectifs de qualité sont hauts

Usage ouvert

Usage fermé

 

L’évolution des pratiques de mon cours d’eau se fait en fonction de la démographie

Il faut être souple dans sa tête pour gérer ces problèmes

 

Rencontres

Échanges

Réflexions communes

Amélioration des espaces

Sont nécessaires

 

Je demande

De nous entendre sur le territoire

Avec des mesures pour tous

En tenant compte des contraintes des zones humides

Des prairies des bois

De tout ce qui est mon environnement

En remettant des méandres par exemple

Milieu ouvert et milieu fermé en équilibre

Trop de boisement assècherait les zones humides à très long terme

 

Dans l’évolution naturelle

De l’étang on passe vite à la forêt

D’une forêt vierge intouchable

D’un besoin d’entretien absent

Restez acteurs de mon espace

Pour prendre soin de moi et du vivant

La campagne n’est pas ouverte à tout le monde

À nous tous de trouver le juste milieu

 

Je suis un lieu

Social

Agricole

Environnemental

Un lieu de vie

 

Comment réunir les trois dans une même action

Dans un même lien

Cela fait ressurgir les craintes et les demandes de chacun

À faire trois choses en même temps

Un ou deux objectifs décrochent

 

Et si tout est lié

Comment trouver ensemble des réponses qui conviennent à tous

En collectif

Un moulin était alimenté ici par le Lapic qui le faisait tourner

Il broyait des écorces de chêne

Les tanneurs de Locronan s’en servaient

 

Des routoirs par là

On y mettait le chanvre

Des pierres plates dessus pour qu’il prenne l’humidité

 

L’eau débordait de la prairie

Ils disaient « rouillir le champ »

Faire mûrir le chanvre pour que les fibres soient faciles à extraire

 

 

Les travaux demandent des choix qui ne sont pas toujours compris

La suppression du bel ouvrage en pierre

La suppression de buses qui n’avaient plus d’usage

La suppression de la dalle bétonnière de la route départementale

La suppression des obstacles non naturels

La création de la passe à poisson

Trois bassins successifs pour que les poissons continuent à remonter

Des anguillettes qui naissent à nouveau plus haut dans le cours

 

Des travaux qui demandent des choix qui ne sont pas toujours compris

Pour assurer le déplacement des espèces aquatiques

Pour qu’elles puissent se reproduire

 

L’anguille

Un marqueur écologique

Un marqueur sur la vitesse de l’eau

La terre

Le capital

L’outil de vie

 

Évitons le Un tout seul

Pour aller vers le Un commun

Avançons ensemble

 

En prise directe avec la nature

Les personnes seules dans leur hameau

Attachées à leur terre

Autonomes dans leur quotidien

Leur jardin sous la main

Se débrouillent et appellent si besoin

 

Les liens oubliés

L’Environnement abandonné

La vie a énormément changé

 

 

 

Un patrimoine

Un lieu

Une causerie

Une traversée

 

Un échange spontané

L’histoire racontée

La transmission

 

La création d’un livre commun

Invite à s’arrêter pour ouvrir une fenêtre

Et découvrir ou redécouvrir un territoire

 

Un cours d’eau ne se cache pas dans la mer

C’est la mer

Un cours d’eau c’est la vie

 

Quand une rivière s’assèche

Tu n’as plus rien

Plus d’eau

Plus de vie

Les gens disent

Ah c’est là le cours d’eau

 

Mon cours d’eau ne s’impose pas devant vous

Je suis un habitant du paysage

Parcours 8 - Elle

Je la regarde exister depuis toutes ces années

 

Elle nait en 1920

Au bord de mon ruisseau où il fait bon vivre

Au milieu de la prairie une source arrosait la terre

La fontaine s’utilisait quand il n’y avait plus d’eau

L’été ils inondaient les prairies la plupart du temps

De nombreuses terres des propriétés actuelles

Datent des grands-pères et des grands-mères

 

Ses frères allaient à la prairie

Ils avaient les pieds les chaussettes trop mouillés

Presqu’une punition de se faire mouiller les pieds

Ils ne jouaient pas avec moi mais s’amusaient de mon eau

Se rendaient-ils compte de ma présence et de son importance

 

Ils avaient acheté un moulin à moteur pour faire la farine

Des métiers s’étiolaient

Et l’eau n’avait plus son importance

Je coulais

 

Je traversais avec elle toutes les époques des êtres humains

La guerre

L’occupation

Je n’en souhaite plus

Elle est le malheur des hommes

 

Le métier

Les femmes n’avaient pas d’autres métiers

Ou elles restaient à la ferme

Elle

Travaillait sans cesse dans les champs

Aurait-elle pu faire autrement que de prendre la suite de ses parents

Elle ne savait faire que cela

 

La modernité

La plus grande chose ce fut quand la clôture électrique arriva

Son mari disait que c’était l’un des plus grands progrès

Le remembrement

Pour elle c’était naturel

C’était comme ça

Ils disaient elle faisait

Ont-ils assez réfléchi des conséquences

De leur ardeur à dépenser leur énergie

 

Depuis quelques années

Ils replantent

Remettent des talus et des haies

Préservent mes zones humides

Retravaille mon cours d’eau pour que le vivant reste

Aujourd’hui

Comme il y a plus de publicité que d’informations

Alors elle éteint la télé

Elle préfère lire les journaux

Elle choisit ce qu’elle veut lire

L’eau est là

Elle est là

Comme

Je suis là

C’est normal

C’est comme ça

 

La paix dans ses choix lui permet de mieux vivre

La paix avec elle rend possibles les choses

La paix qu’elle ressentait quand elle descendait à la rivière

Que je ressentais lorsque je la voyais venir

 

À son âge avancé

Elle a les yeux tristes et le sourire joyeux

Existence d’une vie avant l’entre deux

Pleine de ce qu’il y avait à vivre

Sans plus sans moins juste ce qu’il faut pour avancer

 

Et moi

Je coule vers l’océan

Je suis encore vivant

Parcours 9 - Rêve d'enfants

Parfois j’ai l’impression d’être l’écume

D’avoir les cascades dans les mains

D’être un cours d’eau un ruisseau un étang quand il pleut beaucoup

Une rue sur un plan

 

Mon eau coule apaisante

 

Têtards poissons lentilles d’eau nénuphars s’amusent

Je vois la vie depuis des centaines d’années

Je prends ma place sur terre

Vers la mer donnant ma force aux planctons

 

Les oiseaux chantent

Le vent souffle

Les arbres se dressent

Je ressens cet air frais qui m’accompagne

La vie c’est s’amuser rigoler et profiter de chaque instant de chaque moment

D’apprendre de nouvelles choses

De construire son avenir

De grandir d’avancer sans s’arrêter

De toujours continuer

De ne jamais baisser les bras

À mon image sage passage

Traversée d’un territoire

 

Chacune de mes gouttes arrose la terre

 

Les déchets me salissent

Les animaux confondent plastiques et nourriture

Tuent la faune la flore qui m’entourent

Des dégâts qui perturbent mon cours

Qu’attendez-vous humains pour agir

Qu’est-ce qui sera vrai demain

Vos frites vos KFC vos canapés

Ou Moi dans vos lavabos vos machines à laver

Serai-je encore là pour vous donner mon eau si essentielle à votre vie

 

Vous me racontez cette histoire

Celles des requins qui mangent les têtards

Les parents qui crient aidez-nous

 

J’ai le pouvoir d’avoir une eau potable

Prenez là buvez là et arrêtez d’y déverser vos habitudes

 

Je vois l’enfant venir

Il marche à côté de moi un coquillage à la main

Il aperçoit des déchets dans mon eau

Il se sent criminel

De participer à une destruction

Alors il se baisse

Plonge son bras

Ramène quelques déchets à la surface

Les met dans une poubelle

Il se baisse encore

Prend mon eau la filtre et la boit

à cet instant à ce moment

Il se détend

Se sent libre et apaisé

Il entend le chant des oiseaux

Le bruit du vent dans les arbres

Il bouge autant qu’il veut

Calme il danse

Il vit

 

Il pose un matelas sur mon eau et s’endort de fatigue

Il flotte

Se laisse aller dans le mouvement

Je le berce

Dans son rêve il dit qu’Il aimerait revivre cette journée jusqu’à la fin des temps

Il m’appelle

« l’eau de vie »

Je suis

« calme relaxante jolie fabuleuse extraordinaire incroyable magique »

Il dit aussi

« vous sentez la vie en vous quand vous la voyez et que vous y entrez »

Mais qu’il est triste de me savoir polluée

 

Son rêve continue et il continue à me parler

« Tu es douce comme des feuilles qui me chatouillent

Désastreuse comme une tempête qui t’emporte

Tu es transparente à voir le fond de ta rivière

Et remplie des malheurs qui font ta boue »

 

Il se redresse et fier me crie

« J’affronterai les pollutions que tu subis

et te protègerai pour que toujours tu descendes à l’océan »

 

Son rêve se termine et il finit par m’avouer

« La vie c’est Tout »

 

La vie c’est un tas de choses adorables mignonnes parfois moches

Derrière toutes ces choses moches se cachent des explications douteuses et compréhensibles aussi

Souvent logiques pour les humains

Mais la vie c’est aussi de jouer avec ses amis

De manger de boire de bouger

Faire des activités du sport de la natation pour nager dans ton eau

Chaque seconde compte dans la vie »

 

Chaque seconde compte dans la vie

Chaque seconde pour vivre dans l’infini du temps

Chaque seconde à prendre conscience de la réalité

Chaque seconde à nous emmener à la vie

Chaque seconde

Côte à côte

Moi et toi

Côte à côte

Toi et moi

Parcours 10 - Le marché

L’eau

L’essentiel

On ne peut pas s’en passer

C’est la vie

Il faut la partager

C’est tout

 

L’eau devient rare

Elle est touchée par la pollution

Devez-vous attendre qu’elle disparaisse pour nous mobiliser

 

Un cours d’eau est prioritaire

La terre doit respirer

 

Un cours d’eau fait partie de la vie

S’ils les cours d’eau sont là c’est qu’ils ont une utilité

S’ils sont là c’est qu’ils servent à quelque chose

S’ils sont là c’est qu’ils apportent de la biodiversité

À nous d’être de bonne volonté pour les nettoyer pour ne pas les polluer

Et de ne pas juste les regarder et s’en servir pour nos intérêts

 

Il faut donner du sens à l’aménagement d’un cours d’eau

À son utilisation

À sa préservation

 

Avant

Les prairies se multipliaient

Les ruisseaux les traversaient

Les sources m’abreuvaient

Qu’avez-vous fait

 

Dans la rivière vous vous baigniez

Au puits vous buviez l’eau

Qu’avez-vous fait

 

Vous vous permettiez des choses simples

Maintenant vous vivez dans un monde d’interdits

Alors qu’un cours d’eau

C’est la liberté

Qu’avez-vous fait

 

Un cours d’eau comme Le mien

Il a sa place

Toute sa place

Avec son cours sinueux

Ses poissons qui reviennent

Ses zones humides qui l’entourent

Sa présence permanente

Faisons ensemble

 

Les enfants y mettaient des petits bateaux en papier

Vogue vogue sur l’eau mon joli bateau

Les petits bateaux dans les ruisseaux

Plus aucun n’existe

 

C’est partout qu’il faut prendre soin des cours d’eau

Pas seulement pour les intérêts de quelques-uns mais pour le mieux-être de tous

 

Depuis la destruction des talus

L’eau n’entre plus au sol

N’abreuve plus la prairie

Se sauve jusqu’à la mer pour ne plus être rattraper par la propriété de l’homme

 

Aller contre mon cours

Non

Aller voir sur le terrain ce qu’on peut faire

Oui

Quand nous aimons notre terre

Nous sommes tous écologistes sans l’être

Trouvons des terrains communs

 

L’eau c’est la vie

Ne l’oublions pas

 

L’eau

Ce sont des enjeux de territoire

Des points de vue

Une question politique

Il faut être impliqué

Des gens en parlent de partout

Tout le monde est concerné

 

Un cours d’eau demande

De S’intéresser à son territoire

De Regarder de plus près

De S’approcher et d’Apprendre

De S’impliquer

 

Tout ce que nous avons perdu le retrouverons nous un jour

Tout ce que nous avons trouvé servira-t-il à nous aider

À me mettre en avant pour me rendre ma place

 

L’eau c’est l’essentiel

Sans eau il n’y a pas de vie

L’eau c’est un cycle

Un cycle de vie

L’eau est indispensable

Toute notre vie est à base d’elle

Transformez les lignes droites du ruisseau

Inversez les erreurs en qualités

Qualité de l’eau

 

Freiner ralentir la vitesse de mon eau

Pour ralentir vos vies et prendre plus de temps

Boire l’eau de mon eau sera difficile

Mais de changer ses pratiques c’est possible

Rendre accessible mon cours d’eau c’est possible

S’engager tous ensemble c’est possible

Faisons ensemble

 

Mon eau doit rester un bien commun

Nous devons en conserver l’accès et la préserver

En garder la qualité et le plaisir de la toucher de la boire

 

La santé de tous est en je

L’eau de mer

L’eau douce

Les deux sont malmenées

Les deux sont abimées

Peu respectées

Utilisées à l’extrême

Des époques

Des demandes

Des pressions

Presque des obligations

 

L’eau abondante est polluée

L’eau rare est propre

Qui gardera l’eau propre

 

Comment s’affirmer face aux industriels

Qui profite

Qui abuse et use les eaux

 

Le citoyen s’engage-t-il

En a-t-il la place

 

Comment faire

Il faut de la pédagogie

Un accompagnement

Briser les tabous

Une remise en question

Une implication

 

L’eau

Le cours d’eau

Le ruisseau

La rivière

L’endroit

La particularité

Les cultures

La culture

L’attachement

Le lien social

Le lien professionnel

 

Les agriculteurs en dehors de leur métier

Ce sont

D’abord des hommes et des femmes qui ne sont pas là par hasard

Une lignée

Une volonté

Des pratiques

 

L’eau

C’est la vie

Mon cours d’eau

Un lieu vivant

 

Le cours d’eau

Essentiel à un territoire

L’eau est vitale

 

L’eau est au centre de nos questions

Posons-les avant qu’elle ne disparaisse de nos cours d’eau

Parcours 11 - Elle et Lui

Elle avait entendu parler de l’atlas des rivières

Pour connaitre l’histoire du lieu où on vit

Pour créer du lien

C’est un chemin à prendre

Comme celui qui pourrait s’inscrire le long de mon cours d’eau

Rencontrer un territoire

C’est s’y inscrire avec tout ce qui le compose

 

Elle et lui partent en quête

S’enquièrent

Voient comment l’EPAB s’y prend

Son rôle

Son lien au cycle de l’eau

Ses recherches

Ses souhaits

Que mon cours d’eau ne soit pas entravé

Qu’il puisse charrier une eau non polluée

Qu’il n’ait pas trop de profondeur

Trop de linéaire

Qu’il ne déborde pas trop

Qu’il n’y ait pas trop d’arbres au bord

Une bonne gestion

Pour une biodiversité

Et m’aider à reprendre un cours plus naturel

 

C’est esthétique apaisant agréable d’être au bord de mon eau

Le fait de participer aux différentes rencontres

De profiter des endroits qu’elle et lui ne pourraient pas aller voir et en découvrir d’autres

Leur apprennent beaucoup de ce pays de cette terre de mon cours d’eau

 

Le déplacement en voiture laisse peu de place aux manières douces

Au temps à prendre

Elle et lui s’en rendent compte

Lui et elle réfléchissent déjà à faire autrement pour me voir

 

 

Elle et Lui

Lui et elle ont pris les petits chemins et elle et lui m’ont vu

« De mettre des panneaux partout ce serait bien » ont-ils pensé

Mais ça empêcherait aussi la découverte

Et pourrait gâcher le paysage

 

Elle et lui continuent de réfléchir

Lui et elle se disent

Identifier des zones pertinentes

Créer des événements

Communiquer sur une variété de sujets

Rendre possible tout ce qui permettrait de faire se déplacer les personnes

Favoriser le lien

Seraient autant d’actions pour faire vivre mon cours d’eau

Dans le quotidien des gens

 

Elle et Lui aimeraient que leur maison serve d’appui

Aux rencontres aux discussions

De montrer que c’est possible par leurs initiatives

De faire à partir des gens

De montrer que ça marche

Ensemble

 

Elle et lui disent

Ce serait super que ça continue à être des prairies qui ne soient pas laissées en friche

Nous sommes prêts à jouer un rôle

Nos pratiques ont un impact même si nous ne touchons pas le cours d’eau

Nous allons limiter le travail du sol

Replanter quelques arbres

Une pratique sans intrants chimiques

De l’engrais organique du compost du fumier

Pas de pesticides

Essayer de couvrir le sol de matières organiques

Soit des plantes vivantes engrais verts couverts végétaux ou apport foin

Viable économiquement et physiquement

Si nous voulons travailler sur le long terme

Avoir une activité durable

Le tout à la main n’est pas viable

Nous portons une attention particulière sur l’ergonomie au travail

Si nous ne pouvons plus travailler

L’économie ne suit plus

Nos pratiques sont importantes

Elles ne nuiront pas au Lapic

 

Lui et Elle comptent sur la pluie

Sur l’irrigation

Les serres bitunnel

Mais pas le forage

Elle et lui cherchent à être rationnels mais respectueux de leur terre

De mon cours d’eau

 

Elle et lui disent

De remonter l’eau n’est pas logique comme mouvement

C’est rassurant de l’eau qui coule en bas de chez nous

C’est rassurant de savoir qu’elle est là

Elle est la vie

 

Lui et elle envisagent des actions

De nettoyer mon cours d’eau

J’en rêve déjà

De prendre soin du lieu de vie

J’y aspire

De donner du sens aux discussions

Je le souhaite

De se mobiliser

Ensemble ils sont plus forts

 

L’eau ou la terre

Les deux vont ensemble

Un équilibre à trouver

L’eau c’est la vie

La terre c’est la vie

 

Elle et Lui poursuivent leur réflexion

Lui et Elle disent

Qu’est-ce que je peux faire pour la crise écologique

Nos démarches sont de limiter nos déplacements

Nous inscrire dans un pays

Un territoire

Créer du lien

Que les gens se parlent

D’Être Politiquement engagés

Nous sommes prêts à nous mettre en réseau

 

La terre comment l’utiliser

Qu’y déverser

Lui et Elle s’installent dans un territoire aux enjeux très fors

 

L’homme est celui qui dérègle

La façon de cultiver la terre de prendre soin de l’eau

C’est vous qui avez ces impacts

Cette responsabilité

 

Il faudrait généraliser les pratiques agricoles

Continuer les actions sensibles

Toucher d’autres cordes

De faire se rencontrer les gens

Les faire se parler pour faire ensemble

 

Au bout de leur réflexion

Elle et Lui disent

Nous avons cassé la glace

Sommes entrés dans le vif du sujet

Nous avons posé la première pierre et nous sommes donnés envie

De nous impliquer ensemble

 

Ne plus être seul face à mais ensemble

Pour répondre et s’ouvrir à ce qui est autour de nous

Et pas forcément uniquement à l’humain

 

Mon cours d’eau

Sa faune

Sa flore

Leur sont essentiels

 

 

Elle et Lui descendent avec leur enfant

Lui et Elle me le présentent

Ils se déplacent du côté boisé

Debout

Contemplatifs

Ils s’imprègnent de mon paysage

Ils m’écoutent

Observent ce qui m’entoure

 

Elle et lui partagent ce moment de sérénité

Un moment de sérénité que j’offre à toutes celles et à tous ceux

Qui viennent près de mon eau

Parcours 12 - Je suis là

J’ai du vécu avec celles et ceux qui veulent faire

Je suis le concret

Je suis à plusieurs points

Ma direction est prise

Un paysage opérationnel à portée de vos mains

 

De vivre dans ce territoire demande

De s’en nourrir

De s’y conforter

De s’y déplacer

D’y puiser à l’intérieur

 

Je suis là

Prenez un temps

Observez

Des arbres qui viennent de partout

De la Californie et autres pays

Personne ne se pose la question

Pourtant

Ils font partie du paysage

Comme moi

Suis-je devenu invisible

Nous avons tous une responsabilité sur ce que nous allons transmettre

Le paysage créé façonné aménagé

 

Apprenez

À mesurer

À affuter

Votre regard

 

Ménager et révéler

Entrer dans le lieu

S’en imprégner

Prendre l’information

Garder le mystère

Arrêter d’ajouter

Lisibilité et sens vont de pairs

 

Être avec

Être l’exemple

La juste mesure pour revenir à l’âme du lieu

Pour redonner sa place à la nature

 

Redonnez-moi ma place

Rapprochez-vous encore un peu

Venez tout au bord de mon cours

 

Rassurez-vous

Je sais que rien n’est blanc ou noir

L’équilibre est plus subtil que cela

Vos mains vos cœurs me sont nécessaires

Trop de nature autour de moi pourrait me refermer

 

Il faut communiquer

Partager les points de vue

Reprendre en compte la notion de paysage

Et s’adapter

Se transformer

 

Quand vous franchissez un pont

Vous avez la preuve que j’existe

Un espace de recul

Une ouverture de paysage

Un tunnel de végétation

Et si vous allez plus avant plus loin

Pour me rencontrer

Vous trouvez la présence de la faune de la flore

Même si la qualité de mon eau laisse encore à désirer

 

Activez-vous

Qu’attendez-vous

Je vous l’assure

Venez sur les ponts pour commencer

Descendez me toucher de vos doigts

Et avancez plus en amont ou plus en aval

Créez un chemin qui me longe avec l’accord de tous

Je le désire de vous voir œuvrer ensemble pour mon cours d’eau

 

Venez avec vos bras et vos jambes

Venez me respirer

Et ouvrez les portes des possibles ententes entre vous et avec mon cours d’eau

Poussez fort s’il le faut mais venez avec tout ce que vous êtes

Pour que je redevienne qui je suis

Le Lapic

Parcours 13 - Les possibles

Les attachements liés à l’eau sont universels

Une mobilisation de la population

Un intérêt d’agir ensemble

Sensibiliser et découvrir

 

Un engouement qui perdure

Des livrets des parcours

Des podcasts des témoignages

 

Un travail de fond autour de cet intérêt commun

Des démarches participatives

La découverte de ce que chacun et chacune apporte

 

Le chemin de randonnée

Un délicat possible à mettre en place

Les portes se poussent

 

 

L’enjeu eau est bien là

Chacun et chacune sa partition

Une partition à accorder pour qu’il et elle se saisissent de la suite

 

De nouvelles perspectives

De la poésie locale

Des mots d’eau qui coulent

 

Faire grossir la bulle

Être touché par ce qui se passe

Une aventure investie

 

Une attention à mon cours d’eau

Des étapes sensibles

Une réussite de dingues

 

La voie

Marcher le long

Respirer s’inspirer

Semer les graines

Apprendre la poésie du cours d’eau au fil de l’eau

Et s’assoir ensemble à son bord

En avant toute

Parcours 14 (Bonus) - Ensemble coule le cours d'eau

Le Lapic

Coule mon cours d’eau

Coule jusqu’à la mer

 

Pour le préserver

Pour continuer à le regarder

Pour contribuer à son épanouissement

 

Sortir des difficultés d’investissements

Sortir des crispations

Créer une politique de l’eau

 

Un besoin de dialoguer

Un besoin de concertation

Élargir aux acteurs de territoire

 

 

Rénover localement

Rénover l’approche

De la source à la mer

 

Fédérer sensibiliser

Croiser partager

Dynamiser rendre possible

 

Partir sur un temps guide

Capter les éléments

Les causeries les traversées

 

Coule mon cours d’eau

Coule au son de ton eau

Au bruit des arbres de la faune et de la flore

 

Les histoires les vécus l’expérience

Se déplacer sur mon cours d’eau

Rencontrer la réalité de chacun

 

Des cartes des lieux

La diversité des points d’intérêt

L’association des artistes en mouvement

 

Les intentions portées

Fédérer la communauté

Transformer la relation à la rivière

 

Un mouvement qui s’élargit

S’inscrire dans le temps

Continuer le dimanche

 

Évoluer

Enrichir

Lier

 

Coule mon cours d’eau

Coule à la respiration du temps

À la sensation des éléments

 

Des spécificités des expérimentations

En parler pour les faire connaitre

Faire grossir pour créer de la matière

 

La culture comme levier dans le dialogue

L’accompagnement en ressource

L’action qui associe

 

Des chercheurs réunis

La population des démarches

L’objectivation qui en découle

 

Coule mon cours d’eau

Coule dans l’évaporation des gouttes

Dans les pétillements doux

 

Un investissement

Un appui

Une mise en œuvre

 

La marche de la source à la mer

La démarche portée

Les marches à franchir step by step

 

Approfondir la méthodologie

S’approprier les approches socio culturelles

L’approche de l’eau

 

Co construire

Diffuser

Des productions multiples

 

Coule mon cours d’eau

Coule sur les pierres carrées

Sur les feuilles échouées

 

S’inscrire dans la dynamique de l’évolution

De la matière de travail

Ramener les gens vers la rivière

 

Étoffer

Alimenter

Poursuivre

 

La mise en place d’une communauté

Un partage

Un territoire

 

S’inspirer

Des points communs

Continuer d’approfondir

 

Les points d’appui

L’apprentissage

Rester en lien

 

Coule mon cours d’eau

Coule à la source de nos inspirations

À la conquête de nos respirations

 

 

Appréhender le réchauffement climatique

Sortir du silo

Du seul je suis

 

Répondre à la question qui se repose

À la question qui se pose

Comment vivre demain

 

Poursuivre la transmission

Suivre le cours d’eau

Au jour le jour pour toujours

 

Coule mon cours d’eau

Coule sur le jour levé

Sur le jour tombé

 

Redistribuer à tous

L’en jeu l’en je des rivières

Leurs ruissellements

 

À chaque endroit

Un cours d’eau sur un territoire

Un cours d’eau ruisseau rivière fleuve

 

Essayer autrement

D’autres échanges avec la population

Des coordonnées pour ouvrir

 

Travailler à l’essentiel

Aller sur le cours d’eau

Sortir des jeux de postures

 

Avoir l’interconnaissance des paroles prononcées

Des espèces invasives

Des déclassements

 

Passer à la phase suivante

Des écoutes des lieux

Des consensus à pratiquer

Coule mon cours d’eau

Coule à la croisée de nos chemins

À la rencontre de nos demains

 

Aller à la rencontre

Du temps long

Plein la figure

Être patient

Du temps long

Aller sur le terrain

Créer les accroches

 

Du temps long pour incarner la philosophie de l’espoir

Faire atterrir la pensée

Ouvrir au fil de l’eau

 

Être sous de nouvelles échelles

Attraper de nouvelles étoiles

Et les voir se réfléchir dans le cours d’eau

 

Quand il fait beau

Quand il pleut

 

Coule mon cours d’eau

Coule

 

Je viens vers toi

Le pas pressé de te retrouver

Le pas joyeux de te savoir là

Je suis là - 2

De vivre dans ce territoire demande de s’en nourrir

De s’y conforter de s’y déplacer

D’y puiser à l’intérieur

 

 

Prendre un temps Observer

Nous avons tous une responsabilité sur ce que nous allons transmettre

Le paysage créé façonné aménagé

 

 

Apprendre

À mesurer À affuter

Un certain regard

 

 

Ménager et révéler

Entrer dans le lieu

S’en imprégner

 

 

Prendre l’information

Garder le mystère

Arrêter d’ajouter

 

 

Communiquer

Reprendre en compte la notion de paysage

S’adapter Se transformer

 

 

Être avec

Être l’exemple

Lisibilité et sens vont de paires

 

 

Partager les points de vue

La juste mesure pour revenir à l’âme du lieu

Pour redonner sa place à la nature

Ce haïku fait partie du parcours : Parcours 1 - Je suis là

Michel Nedelec

Michel Nedelec

 

Le moulin au bord du Lapic

Le lieu de résistance

Le maquis s’était regroupé là

30 à 40 personnes

Certains étaient recherchés pour complicité après le sabotage qu’ils avaient fait

Les propriétaires du moulin avaient hébergé des résistants des maquisards

Ils avaient hébergé des saboteurs

 

Un oncle a été tué sur la poche de Lorient quelques mois avant la fin de la guerre

Il avait 20 ans

 

Mon père a été résistant

Il en parlait peu

Originaire de Quimper son ancienne ferme a servi comme lieu d’hébergement pour les Allemands

Les sacrifices imposés

Les devoirs alloués

Le silence dans les mots

Le cœur fermé

Il apprenait comme bien d’autres la guerre

Il apprenait à se taire tout en sachant

Et à coté de sa ferme

Le Manoir

Des résistants qui se sont cachés

 

Peut-on dire que Le Lapic est un résistant ?

Quand j’étais agriculteur j’ai fait une formation sur les sols

L’explication des formations géologiques

Les temps d’évolution

J’ai appris que la Bretagne avait été rattachée à l’Angleterre

Une petite rivière entre les deux

Au bas

Du riz des pâturages

Les gens dans des grottes

Mais c’était il y a très très longtemps

 

En ces temps immémoriaux on peut s’imaginer que le Lapic s’étendait plus loin pour rejoindre d’autres rivières

 

Le Lapic

Il représente La vie

Au sens large

Une vie sociale

Tous les gens qui vivent autour aujourd’hui et hier

Avant La vie était plus forte plus dense

C’était un besoin

Les moulins

La gestion de l’eau qui arrosait les prairies

La valeur fertilisante de l’eau

Ça ramenait la vie l’énergie

L’énergie au niveau des moulins

Le blé moulu

Des petits systèmes d’irrigation se créaient

Les gens partageaient à tour de rôle

L’eau apportait la nourriture par ses nutriments

Une eau qui se buvait ? je le crois

Les puits étaient développés au niveau des fermes

Un maillage de territoire avec talus et haies

Les puits restaient chargés longtemps de leur eau

Maintenant les talus ont disparu les puits se vident vite

Nous ne sommes pas dans le même schéma qu’avant

Le remembrement est passé par là

Le Lapic est devenu un déversoir

Avant

il était considéré comme une source de vie

Il amenait/apportait aux gens

Après

Avec les drainages

Les évacuations allaient dans le Lapic

Le Lapic devient un exutoire de nos intrants de nos comportements de notre exploitation

La sur fertilisation avec déjections animales était mal gérée

 

Mais Le Lapic est un résistant

L’eau doit couler

On l’a mis droit

L’eau a coulé plus vite

On l’a un peu busé

Abusé même

Avant

Trois quatre mètres de large maximum

Aujourd’hui

De trois à six mètres en ligne droite

Le lit a doublé de largeur

Et il s’est refermé

La végétation personne ne s’en est occupée

On a oublié le Lapic

Il s’est caché

Le moins mal

Par les ronces qui le recouvrent

Le plus difficile

Par les arbres tombés qui le referment

 

Le Lapic

Il faut l’ouvrir

Il faut refaire des talus des haies

Il n’est pas qu’un exutoire

Il faut faire prendre conscience aux gens de sa fonction

La vie animale qu’il nourrit

À protéger

L’énergie qu’il délivre

À retrouver

Qu’elle devienne électrique

C’est possible lorsque le Lapic développe toute sa force à un moment de l’année automne hiver

Aujourd’hui

Le Lapic baisse très vite de niveau

En trois semaines de temps il peut baisser de volume

Alors que les nappes phréatiques sont pleines

Les précipitations du ciel et des champs arrivent très vite dans le Lapic

Ainsi que l’eau des routes des départementales

S’il se remplit en hiver il se désemplit et devient un petit filet d’eau au printemps

Et à l’été presque plus rien

Avant

Les zones humides servaient de tampon pour éviter que cette eau aille très vite dans la rivière

L’eau retenue permettait un arrivage plus étalé

 

Le Lapic

qui est-il ?

La source du Lapic est un peu comme les racines des arbres

Elle se trouve à Locronan et Quéménéven

Je pourrais dire que c’est un résistant un peu boiteux

Il a un bon potentiel de biodiversité non exprimé

Mais on l’a handicapé

Il ne s’exprime plus au naturel

Il doit reprendre une place plus importante

Même s’il est tout petit

Les petits ruisseaux font les grandes rivières

Son travail sert aux autres rivières

Il amène des dynamiques

D’autres liens

À nous de nous motiver à faire des choses

Comme les randonneurs qui sont partants pour créer un chemin piéton

Pour enlever les ronces

Pour restaurer le lavoir qui le surplombe

Et pour nous locaux

Une façon d’expliquer la vie autour de ce cours d’eau

D’améliorer ses conditions « d’existence »

Même si ça a déjà commencé

Il faut prendre le temps

Tout demande du temps

Le cours d’eau à traverser tant d’époques

 

Avant

Le Lapic restait dans son lit

Les hommes créaient une petite déviation partielle de l’eau pour alimenter le moulin

Des biefs

Et des étangs au-dessus pour stocker l’eau

Mais ils ne touchaient pas au cours d’eau et ne s’en servait pas comme exutoire

Maintenant

On supprime les biefs car il n’y a pas autant d’eau dans le Lapic

Les pêcheurs préfèrent c’est encore plus naturel

 

 

 

 

Ouvrir le Lapic

Rediscuter

Remettre en discussion le rôle d’une rivière/du cours d’eau

Créer des lieux d’échanges de travail en commun

L’entretenir sous sa forme actuelle

Avec la possibilité de mettre des pratiques en place pour retrouver son niveau d’eau

Revoir la façon de l’exploiter

Respecter les contraintes de mettre des couverts végétaux

Mettre des cultures intermédiaires pour freiner l’écoulement de l’eau

La pluie s’infiltrera par les plantes et ensuite par les racines

Une première étape avant les talus

Éviter de mettre la terre à nue l’hiver en attendant d’en mettre une autre au printemps

Quand on récolte le maïs on laisse ta terre à nue

 

Sensibiliser les propriétaires les locataires les exploitants

Un travail de fond à faire avec ces gens

Mais prendre le bon bout

Ne pas se confronter

Ne pas venir d’en dehors

Si les choses se faisaient entre agriculteurs d’associations de gestion du patrimoine

Si les choses se faisaient avant de partir en retraite par des transmissions de savoir

Installer la discussion et l’entente

On veut se balader tu nous prêtes un bout pour passer

Accepter que ça prenne du temps

Peut-être 20 à 30 ans

Ne pas bloquer

Ne pas dire tu dois faire ça

Engager un travail de fond et de longue haleine

 

 

 

Que devons-nous arrêter ?

Zones libres zones tampon zones humides zones de pâturage

Même volonté

De plus en plus les paysans arrêtent la production animale

C’est le cas pour le Lapic

Pourtant

La seule façon de valoriser les bas-fonds c’était le pâturage

L’autre idée

On va recréer des zones naturelles

Des endroits qui deviennent inexploités

Un intérêt pour le paysan d’être rémunéré

On revient d’une façon naturelle aux zones libres qui vont freiner l’eau comme les couverts hivernaux

On va refaire des freins

Des agriculteurs sont de plus en plus sensibles aux talus et aux haies

Le travail de recréer des méandres

Freinage à l’exutoire limiter le débit de l’eau

 

Avant

Des surfaces d’intérêt écologique (haies talus bois…)

Des zones tampons entre Le Lapic et les champs

 

Les zones libres n’empêcheraient pas d’entretenir les abords des rivières

Les aménagements de fait pour les piétons les vélos les chevaux

Des activités de loisirs mais avec une participation active dans l’aménagement

Les randonneurs sont partants

 

Des zones ont été aménagées dans le temps

 

Je suis optimiste

Beaucoup d’agriculteurs sont le long du Lapic

Certains sont ouverts

Ils laissent des distances entre la culture et l’eau qui circule

Une évolution des jeunes sur cette question des différentes zones et de leur exploitation

Ça va évoluer avec eux

Si les jeunes agriculteurs restaient fermés

Le Lapic pourrait se boucher

Une retenue d’eau

La surface qui s’étale

Le drainage des terres qui s’évacuent dans le Lapic

Leur propre surface serait diminuée

Des zones humides plus hautes

 

Quand j’étais exploitant agricole de 84 à 2020

Ma ferme à Kerdun

Une zone humide jusqu’au corps de ferme

Je m’en rendais compte

Pas la même nature de terrain qu’en haut

Tout a été drainé autrement tout aurait gardé son eau

 

Quand tout a commencé ?

J’ai été attiré

Je cherchais une ferme

J’en ai vu un paquet

Un oncle à ma femme arrêtait son métier

Je l’ai rencontré

Pas simple au début

Mais on s’est mis d’accord

Mes parents étaient exploitants à Penhars sur Quimper

Mon père voulait arrêter

Je trouvais qu’il n’y avait pas trop d’avenir en bordure de ville

Il était urgent que je trouve

Ma femme de sainte Anne la Palud

La ferme où est né mon beau-père

Ma tante qui vit encore

Elle a traversé toutes les révolutions agricoles

Un beau témoignage d’une femme de 104 ans

Elle fait encore à manger le linge le potager

Elle a de cette eau dans le sang

 

En 97 98-je suis passé en forme de société EARL

En Exploitation agricole à responsabilité limitée

J’avais un but fiscal

Je l’ai appelé l’EARL du Lapic

Les gens me posaient la question c’est quoi le Lapic

La rivière d’en bas

J’ai créé de la curiosité

Le lieu-dit Kerdun

Par cette appellation originale j’interpellais les gens sur l’existence du cours d’eau

 

Mon voisin a fait le même cheminant

Il a nommé son entreprise l’EARL de la vallée du Lapic

Au début les courriers se perdaient entre nos fermes

Mais rapidement tout est rentré dans l’ordre

J’ai toujours pensé qu’ensemble nous étions plus forts

 

Une passion pour les vaches avant le cours d’eau

J’étais passionné par la vache laitière

Ça ou rien

Une passion transmise par mon père

La vie de mon père

Toute une histoire

J’ai repris son troupeau

Une forme de filiation

La Holstein différente de la Frisonne des Pays-Bas

Au départ mon père élevait la Bretonne Pie noire

Mais à Quimper il ne jouissait que de petites surfaces

Il fallait dégager du revenu

Donc intensifier la surface

Nous étions six à la maison plus l’oncle salarié

De la bretonne il passe à la frisonne

Comme il se passionne

Il fait venir deux trois vaches du Canada les Holsteins

 

Je m’installe avec 25 de ses vaches avec un projet pour en avoir 35

Les quotas laitiers arrivent en avril 84

Quelques mois après mon installation

Je ne savais pas si je pouvais tenir le projet

Ma laiterie incertaine de savoir si l’Europe me donnerait du lait

Alors j’ai ajouté la culture des céréales orge blé et un peu de maïs

Et beaucoup de prairies temporaires retournées

J’étais dans l’Intensif

Je compris qu’il fallait que je fasse mes armes au niveau de l’élevage

J’ai trouvé un système ultra-sensible

Je n’avais pas le droit à l’erreur sur l’alimentation des bêtes

Du maïs et de soja sont assez couteux

Alors je décidais d’entrer dans un groupe de réflexion en 89

On se souciait d’un animal plus durable PDD

Plan de développement durable

Un groupe du Finistère se créait pour aller au bout du raisonnement

Pour ne pas être en train de rêver

Pour avoir un système économique viable

Pendant cinq ans j’ai côtoyé des agriculteurs qui avaient des systèmes herbager

La formation de l’herbe l’exploitation de l’herbe

L’herbe autour des fermes pour sortir les animaux

J’ai mis en place des choses

J’avais 32 hectares et trois parcelles

J’ai planté des haies

J’ai refait les talus en 97

Je voyais que les bas-fonds des champs avaient moins d’eau

J’avais freiné l’eau en contre bas

Une protection des animaux utile aussi

Ce qui fut utile pour le jeune qui a repris

Et après j’ai mis beaucoup moins de maïs

Un système pour arriver à 80% d’herbe

Je vivais mieux mes résultats étaient meilleurs

 

Avant de passer à 80% d’herbe

Au niveau des intrants : les phytos sanitaires les engrais je n’étais pas bon

Si j’ajoutais à cela tout le travail que cela me réclamait ainsi que l’équipement pour le faire

Je me rendais compte d’une meilleure qualité de vie financière mais pas familiale et sociale

À l’époque des gros tracteurs envahissaient les terres

Pour ne pas être à part Je m’alignais avec mes voisins pour nous entraider faire du travail en commun

D’où des investissements conséquents

Le système de vaches ne me demandait pas trop d’énergie mais les cultures oui si je voulais travailler avec les voisins

Il fallait m’équiper

Je rentrais dans un système

 

Essayer autre chose

J’ai fait des simulations avec une dominante d’herbe

J’ai argumenté

Je me suis engagé

Je ne voulais pas répéter les erreurs

Je travaillais essentiellement avec du pâturage

De la fauche d’excédent

Un kilo de céréales te coûte 4

Un kilo de mais te coûte 2

L’herbe pâturée te coûte presque pas 0,5

Le rapport du coût alimentaire me faisait exploser les compteurs

Ce qui m’amenait à être actif dans la prise en compte de l’environnement du social

Avec moins de boulot et une meilleure économie

Et des retours en qualité

Je nourrissais mes bêtes les prairies et moi

En prenant soin de mon environnement

Je réparais le Lapic

Je lui redonnais de la vie

La couleur de l’eau redevenait plus claire

Avec des surfaces de terre nues l’hiver ma terre partait dans les surfaces en pente

L’évacuation de ta terre dans le cours d’eau

Alors qu’avec l’herbe l’eau est retenue et la terre aussi

Je n’avais plus besoin d’investir dans une machine dans un engin

Je faisais appel à une société de manière ponctuelle

J’avais plus de liberté financière moins de crédit à long terme

Une autre logique économique

Et le travail en commun s’arrêtait avec mes voisins

Eux continuaient en culture céréalière avec les mêmes besoins

Moi non

De fait quand j’ai changé le travail d’équipe a moins fonctionné

J’ai essayé de les convaincre mais leurs regards dépendaient du regard des autres

Le regard extérieur mais aussi le regard intérieur

Celui des parents qui ont fait pour le remembrement

 

Moi je m’installais sur cette terre

Eux y étaient nés

J’avais plus d’indépendance

Ce regard extérieur je m’en moquais plus

Le regard intérieur n’était pas le même

De grandes discussions avec ma famille m’avait poussé à prendre ma direction

 

Le machinisme

Je n’ai jamais été dans cette passion alors que les voisins oui

Les belles machines les beaux tracteurs ils aimaient

Nous n’étions pas dans le même registre

Beaucoup pensaient que ce système d’herbe était gourmand en temps

Le fait d’avancer le fil tous les jours pour apporter la ration quotidienne aux vaches

Chaque jour de réorienter les bêtes vers l’herbe à pâturer

Leur donnait la raison de ne pas y aller

 

J’ai essayé de les amener sur un groupe en commun

Ils ont changé un peu leur pratique mais pas totalement

Le regard de l’autre est trop fort sur eux

Moi on me traitait de rêveur

Dans le Porzay les haies n’étaient pas bien vues

Il ne fallait pas gaspiller la terre pour planter des arbres

Un aspect négatif

Chaque parcelle de terrain compte et doit être exploitée

Alors que de nombreuses études existent sur le sujet

« Ce que tu perds autour tu le gagnes au milieu »

Attendre dix quinze ans c’était trop

Et aujourd’hui

De ces gens là plantent des haies refont des talus

Il faut du temps pour chaque chose

 

Quand je suis arrivé en 84

Quatre génisses de mon père attendaient leurs veaux

Je les mets dans une parcelle

La tempête souffle fort

L’accident se produit

Un râtelier tombe sur une bestiole

Le râtelier un abri couvert où je mets du foin

Je dois envoyer la bête à l’abattoir

J’ai pris conscience du pays dans lequel j’arrivais

Il n’y avait aucune protection sur les parcelles

Pas de haies pas de talus

Le vent de la mer en prise directe avec la prairie et les bêtes

 

La suite

Pour continuer dans ma démarche je voulais préparer la suite de mon engagement pour un jeune

Le jeune que j’ai choisi est lui totalement herbagé avec plus de vaches que moi

Un peu plus de 100

Il a choisi des kiwis

Une des plus légères

Un croisement entre la jerzeyaise une vache un peu souris avec des taches noires autour des yeux et la frisonne issu de sélections génétiques

Il traite une fois par jour au lieu de deux

En décembre et janvier il n’a pas de traite

Un temps de repos pour les vaches et pour lui

Les vêlages ont lieu sur les deux mois de février et mars

Et le reste de l’année il gère l’herbe

Nous les anciens nous tentions d’être performants un peu partout avec cette tendance à nous disperser et à augmenter nos heures de travail

Lui prend un axe et le suit

Il s’occupe de la bonne gestion de l’herbe et de la santé des animaux

Les bêtes sont dehors toute l’année

Quand il pleut les parcelles pourraient être noires et cela déplait aux voisins

Lui avance le fil tous les jours et referme derrière

Un sol qui n’a pas le temps d’être piétiné

Les bêtes ne restent pas plusieurs semaines au même endroit

L’herbe revient naturellement

Pourtant le regard se braque sur ce système

Lui à moins de problème sanitaire

Dans une étable il faut gérer les bêtes

Des virus des bouillons de culture

Lui n’a plus cette gestion-là

Et comme ses bêtes sont plus légères elles tiennent mieux sur la terre

Il leur demande beaucoup moins de lait

Plusieurs jeunes étaient intéressés par l’exploitation

J’ai choisi d’accompagner cette volonté d’aller vers ce système innovant

Une suite que j’avais amorcée

 

Renaturation et exploitation

Comment faire vivre les deux ?

Le système laitier est décrié car il demande beaucoup de travail

Soit on va vers l’intensif avec les robots et l’automatisation et plus d’investissement

Soit comme le jeune avec peu d’investissement et un plan économiquement viable

Le pâturage respecte le fond de vallée

L’herbe n’est pas tuée elle est gérée par les animaux

On ne détruit pas le milieu naturel

Par son système on peut donner une possibilité aux jeunes de s’installer

Moins coûteuse moins astreignante

Elle donne une meilleure image sur la production tout en respectant le Lapic et les bêtes

 

La gestion des fonds de vallée est là pour respecter la rivière en contre bas

Ce qui me dérange c’est la disparition des producteurs de lait

Ils ont toute leur place par l’utilisation de l’herbage

Un moindre mal

Mais installer des jeunes redonne un sens économique

Une vie à un territoire

Sans être nuisible à l’environnement

Il évite l’artificialisation des terres agricoles

J’avais une zone renaturée

Les animaux allaient dans les joncs

On ne les voyait plus mais eux se nourrissaient de cette herbe sauvage

Des zones au potentiel énorme qui tiennent la route aux autres

Une herbe naturelle

 

Le jeune qui a repris mon exploitation

Je lui ai donné un coup de main pour faire les clôtures autour du champ

Il allait loin du talus pour poser les clôtures

Je lui ai demandé pourquoi il ne s’en rapprochait pas

Il me dit : « moi c’est simple, le tracteur de l’ETA entreprise de travaux agricole  vient sur la route pour débroussailler les côtés, par extension il m’enlève les broussailles sans toucher aux talus, il taille dans la largeur au-delà du fil alors qu’avec le talus il aurait trop à faire, mon bord de champ reste nickel. Tout le monde se satisfait de la situation »

Et pour le bord du Lapic il laisse un à deux mètres

Et il ne voit aucun inconvénient à ce que des piétons passent

 

L’existence du chemin piéton comme le chemin des douaniers sur le bord de mer

Je pense qu’il y a toujours une solution

Certes beaucoup de zones humides sont à respecter

Mais un chemin praticable du printemps à la fin de l’été

Ça peut commencer par un sentier

À Pouldergat

Un chemin

Des blocs de béton de cinquante centimètres de large récupérés dans une porcherie mis bout à bout

Ils étaient ajourés

Un peu d’herbe est passée à travers

Il faut inventer du lien

Le groupe de réflexion me permet d’évoluer

Un potentiel pour faire plein de choses

 

 

L’exemple

Au niveau du moulin

Celui que j’ai acheté

Depuis que j’ai réouvert

« On peut approcher on peut venir voir »

Ça se met en route

Ça me rend optimiste

Je le mets hors d’état de ruines

Un lieu de vie et un lieu de travail pour le futur

Un lieu habité à habiter

 

Il faudra des étapes pour rattraper le temps perdu

Il faudra ne pas être dans la violence des mots trop forts

Des jugements trop hâtifs

Des réactions trop contradictoires

Il faudra accepter les résistances et que d’autres erreurs se fassent

 

J’aime voir les gens venir

Je suis en position confortable

C’est différent que si j’allais les voir

Le moulin me permet d’être dans cette position

Les chasseurs les pêcheurs passent

Un bruit qui se répand de mon action

Je peux m’en servir pour sensibiliser les gens à respecter le cours d’eau

D’autres valeurs que l’exutoire se développent

Ce que je fais prend la forme d’un levier important

Mon objectif est d’installer des jeunes dedans et sur cette parcelle

Il y a un projet de vie là-dessus

Pourquoi ne pas imaginer aussi une résidence d’auteur qui serait accès sur l’environnement et le cours d’eau

 

Le Lapic

Un lieu rassembleur

Depuis que l’atlas est parti les langues se dénouent

Des choses qui se disent

Avant on n’en parlait pas

Il fallait une action assez forte pour que les gens se réveillent

Nous y sommes

 

Quelques mots pour terminer

J’ai remis un petit pont en place

Ça me donne à voir les fluctuations de la hauteur de l’eau

Je fais mon petit tour régulièrement

Mes observations

Ça me met dans l’esprit

Le puits que je regarde

Ses fluctuations

La relation du puits du cours d’eau

Le gros drain au-dessus

Et là je m’aperçois que j’apprends toujours plus de ce cours d’eau

Un éveil sensible à mon environnement à ma condition de vie et à mon empreinte sur la terre

 

Ce témoignage fait partie du parcours : Parcours 5 - Une histoire comme une autre